Municipales 2026 : combien gagne votre maire ?
L'indemnité d'un maire dépend de la taille de sa commune et d’un barème national. Parfois des majorations sont votées par le conseil municipal. De moins de 1 100 € brut à plus de 8 000 €, les écarts sont considérables.
Un maire de village et un maire de grande ville ont beau occuper la même fonction, elle diffère en pratique. Surtout ils n'en tirent pas la même rémunération. Derrière les chiffres, un système précis existe, basé sur un indice de la fonction publique.
Un salaire qui dépend d’un indice de la fonction publique
Le salaire d’un maire n’est pas fixé au hasard. Il dépend de la taille de sa commune et d’un barème national. Concrètement, l'indemnité d'un maire est calculée selon un indice de la fonction publique, appelé "indice brut 1027", ce qui donne un montant en euros.
Plus la commune est grande, plus l’indemnité grimpe, allant de 1 048 € brut pour un village de moins de 500 habitants à près de 6 000 € brut dans une ville de plus de 100 000 habitants. Attention : comme pour n’importe quel salaire, il s’agit d’un brut, soumis aux cotisations sociales. Ainsi, un maire d’une commune de 1 000 à 3 500 habitants touche 2 121 € brut, soit environ 1 650 € net mensuels.
En France 97 % des maires dirigent une commune de moins de 10 000 habitants
De plus, dans certaines localités, les élus peuvent décider d’augmenter l’indemnité du maire au-delà du barème classique, mais dans une limite maximale fixée par la loi. Pour les communes de plus de 100 000 habitants, cette majoration peut aller jusqu’à +40 % du montant prévu. Résultat : un maire de grande ville qui touche officiellement 5 960 € brut peut, si le conseil municipal le vote, monter à plus de 8 300 € brut par mois (soit environ 6 500 € net).
Conseils municipaux : le plafond de verre malgré la parité en hausse
Sur le papier, cette hausse des indemnités se présente comme une manière de reconnaître la charge de travail supplémentaire dans les grandes villes, où le maire y gère un budget conséquent, des milliers de fonctionnaires et des problématiques plus complexes que dans un petit village. Or, cette décision concerne seulement 42 mairies en France.
Comme le montre ce graphique, en France, 97 % des maires dirigent une commune de moins de 10 000 habitants. Témoignage que cette mesure reste marginale comparée à la réalité du territoire français.
Cumul des mandats : le cas du maire de Toulouse
Entre plafonds légaux, règles de cumul et différences entre brut et net, difficile de s’y retrouver. Le cas de l'élu toulousain Jean-Luc Moudenc illustre bien cette complexité.
Au total Jean-Luc Moundenc gagne 7150 euros nets mensuels avant cotisation retraite et impôt prélevé à la source
La loi fixe un barème précis : pour une ville de plus de 100 000 habitants, l’indemnité maximale d’un maire est de 5 960 € brut par mois, avec la possibilité de majoration. Il s'agit néanmoins d’un plafond théorique. En pratique, le montant réellement perçu peut être inférieur, car il faut tenir compte des règles de cumul des mandats.
Jean-Luc Moudenc cumule deux fonctions indemnisées. Il est à la fois maire de Toulouse et président de Toulouse Métropole. Il ne peut pas additionner les deux sans limite : la loi impose un plafond global.
En 2024, un élu local ne peut pas percevoir plus de 8 421 € brut par mois, tous mandats confondus. Autre subtilité : tous les élus ne cotisent pas de la même manière. Certains relèvent de la Sécurité sociale des élus locaux, d’autres de l’IRCANTEC (une retraite complémentaire spécifique à la fonction publique). En somme, deux indemnités identiques en brut peuvent résulter en salaires nets différents.
C’est pourquoi Toulouse Métropole publie directement les montants nets avant retraite et impôt :
·2 383 € net pour le mandat de maire
·4 767 € net pour le mandat de président de la métropole
Pourquoi ce n’est pas égal au fameux "5 960 € brut" ? Parce que ce chiffre correspond uniquement au plafond brut légal du maire, pris de manière isolée. En réalité, le cumul de ses fonctions et les règles de plafonnement redistribuent les montants.
Le maire peut-il avoir une activité professionnelle en parallèle ?
Oui, dans certaines limites. Le "statut de l’élu local" prévoit qu’il peut cumuler son mandat avec une activité professionnelle, tant qu’il respecte certaines obligations d’autorisation d’absence, de compatibilité d’horaires et de non-conflit d’intérêts.
Et les autres élus municipaux alors ?
Les adjoints au maire sont eux aussi indemnisés, avec des montants qui grimpent en fonction de la taille de la commune. De quelques centaines d’euros dans un village, jusqu’à 3 000 € brut par mois dans une grande ville de plus de 200 000 habitants.
Les conseillers municipaux, eux, doivent se contenter de beaucoup moins : environ 250 € brut par mois dans les grandes communes. A noter que bien souvent ils ne touchent rien du tout dans les villages où leur engagement reste avant tout bénévole.
Derrière les chiffres, une réalité persiste : la majorité des maires, surtout dans les petites communes, exercent leur mandat pour une indemnité modeste, parfois loin de compenser la charge de leurs responsabilités. Une situation qui n’est pas étrangère à la “crise des maires”, marquée par des vagues de démissions et une difficulté croissante à trouver des candidats aux prochaines municipales 2026.
Ecrit par : J. Bayard