Le baromètre annuel sur la crédibilité des médias montre que la radio reste le plus plébiscité, devant les journaux, la télé et Internet.

La confiance des Français envers les médias en légère hausse, mais leur traitement de l’épidémie de Covid-19 divise.

La confiance des Français envers les médias a légèrement remonté, mais l’opinion est très partagée quant au traitement médiatique de la pandémie de Covid-19, d’après le trente-quatrième baromètre annuel réalisé par Kantar entre les 7 et 11 janvier, pour le quotidien La Croix, et publié mercredi 27 janvier.

Alors que l’intérêt des Français pour l’actualité a rebondi de huit points, à 67 %, après être tombé l’an dernier à un niveau historiquement bas, la crédibilité des médias se redresse légèrement pour la deuxième année consécutive, après avoir connu son niveau le plus bas absolu en pleine crise des « gilets jaunes », même si elle reste à des niveaux très faibles.

La radio arrive toujours en tête : 52 % des Français, soit deux points de plus que l’an dernier, jugent qu’elle diffuse des nouvelles fidèles à la réalité, devant les journaux (deux points de plus, à 48 %) et la télévision (deux points de plus, à 42 %). Enfin, la crédibilité d’Internet (mesurée depuis 2005) se requinque plus nettement, mais reste encore très basse (cinq points de plus, à 28 %).

« On voit un retour modéré de la confiance accordée par les Français aux médias », a résumé lors d’une conférence de presse Guillaume Caline, de Kantar, pour qui cette timide embellie est sans doute le reflet du travail d’information effectué autour de la pandémie. « Pendant toute cette période, il n’y a pas eu de rupture [de l’activité médiatique], les journalistes ont continué à faire leur travail et à informer, ce qui est essentiel pour le fonctionnement d’une démocratie », a commenté Pascal Ruffenach, président du directoire du groupe Bayard, la maison mère de La Croix.

Interrogations sur le traitement de l’épidémie

Cependant, interrogés sur le traitement par les médias de l’épidémie de Covid-19, les Français se montrent extrêmement partagés : 44 % d’avis positifs contre 43 % d’opinions négatives. Parmi les principaux reproches : le fait d’avoir donné trop d’importance à des non-spécialistes (pour 73 % des sondés) et d’avoir dramatisé les événements (66 %). En outre, 74 % des Français jugent que les médias ont trop parlé du Covid-19.

Neuf Français sur dix pensent, en revanche, avoir été bien informés sur les gestes barrières et le port du masque, et plus de trois sur quatre en ce qui concerne les règles du confinement et du déconfinement. « Ce sondage montre que les médias ont fait une vraie info service de qualité » durant cette crise sanitaire, plébiscitée par le public, a estimé le sociologue des médias Arnaud Mercier.

Mais, pour lui, « il y a un échec d’une partie des médias dans le choix des personnes qui ont été invitées » à la télévision, citant l’exemple de Laurent Toubiana, une des personnalités qui assurait qu’il n’y aurait pas de deuxième vague et qui « a eu table ouverte pendant des jours » sur les plateaux, jusqu’à ce qu’elle se matérialise.

« Pas là pour être pour ou contre »

Autre écueil, selon lui, la question de l’hydroxychloroquine : « Un certain nombre de médias sont tombés dans un travers, avec une confusion entre les désaccords factuels entre scientifiques » et « une polémique de nature politique ».

« On n’est pas là pour être pour ou contre la chloroquine », s’est défendu Adeline François, coprésentatrice de la matinale de BFMTV. « Notre travail de journaliste n’était pas d’être virologues », mais de trouver des spécialistes et de « leur poser les questions qu’il fallait, et se faire le relais des préoccupations des Français », et ce, alors que personne n’avait au début de connaissances fermes sur le nouveau coronavirus.

Estelle Cognacq, directrice de la rédaction de Franceinfo, a relevé, quant à elle, une certaine « ambiguïté » du public : « Les Français trouvent qu’on a trop parlé du Covid, mais ce sont aujourd’hui les sujets qui marchent le mieux, il y a toujours une demande de savoir où on en est au sujet des vaccins », des variants, d’un nouveau confinement, etc. Et quel que soit le sujet abordé, de l’économie au théâtre, en passant par la gastronomie, de toute façon « on retombe toujours sur le Covid », a souligné sa consœur de BFMTV.

Ecrit par : G. Vialy et J. Bayard