Il révolutionne : le métier de journaliste

LE FACT-CHECKING PEUT-IL RESTAURER LA CREDIBILITE DES MEDIAS ?

 

Le décryptage ou fact-checking démarre actuellement en France, et surtout dans les médias de l'instantané : les sites d'infos sur internet, la télévision, la radio. Il faut espérer que cette tendance à la vérification systématique va révolutionner le métier de journaliste et recrédibiliser les médias objets de la méfiance de leurs utilisateurs.

Mais c'est extrêmement difficile de vérifier «en temps réel» les affirmations des politiques, de traquer l'intox et les contre-vérités au moment où celles-ci sont formulées. D'autant plus que, contrairement aux Etats-Unis, ce n'est pas encore ancré dans la culture journalistique et qu'il faut de gros moyens, comme des experts disponibles et crédibles, des documentalistes, des archives dans toutes les branches de l'information pour mener à bien des investigations rapides et efficaces..

Dans la presse écrite, les journalistes disposent de davantage de temps et c'est déjà dans leur mission de vérifier toutes les informations comme les dires des personnalités avant de les publier. Le font-ils tous? Le fact-checking  nécessite cependant à la fois une volonté critique, et un vrai back ground à opposer aux menteurs car il permet d’assainir le débat politique. Sans fact-checking, les journalistes ne seraient-ils  pas que de simples relais de communication ?

 

Un fact-checking réactif et mis en scène

 

Oui, non seulement le fact checking ne "peut" pas, mais il "doit » restaurer la crédibilité des médias. C'est sans doute l'une des seules solutions possibles pour regagner la confiance des lecteurs/auditeurs/téléspectateurs.
Les journalistes ont, ces 20 dernières années, vu arriver le monde de la communication dans tous les domaines qu'ils traitent. En plus de la tendance originelle d'une partie des journalistes française à préférer le commentaire à la vérification des faits,  cette impressionnante émergence de la communication  fait, petit à petit, oublier l’importance du fact-checking.
Les journalistes ont assister, ces 20 dernières années, à l’arrivée du monde de la communication dans tous les domaines qu'ils traitent. Aujourd’hui, toute grande entreprise, parti ou personnalité politique, ministère, conseil régional ou général, mairie, tous disposent  d'une équipe de communicants qui pour faire passer leur message n’hésitent pas à utiliser les outils de communication disponibles dont certains prennent parfois  l'apparence de ceux du journalisme comme des pseudos-journaux  qui  sont de plus en plus utilisés. Certains hommes politiques le savent et, très consciemment, ils lancent alors à la volée des chiffres tronqués, de fausses-vérités en sachant très bien qu'ils seront peu démentis, souvent trop tard et que cela aura peu d'impact par rapport à l'audience qu'ils auront obtenue en lançant cette opération.
Noyés au milieu de ces stratégies, les journalistes doivent en revenir à ce qui fait la différence : vérifier les faits, les chiffres qui sont lancés par les uns ou les autres. Ils doivent  faire du fact-cheking, c'est-à-dire ne pas prendre pour argent comptant les arguments de la candidate   ou le candidat qu'elle qu’ il  reçoit. . Et l'on voit bien que ces interviews sont particulièrement reprises, remarquées. Si l'on est optimiste, on y verra l'attente du public pour le fact-checking, si l'on est pessimiste, on se dira que si de toutes petites choses simples comme cela provoquent un tel buzz, c'est que les journalistes n'en font vraiment pas assez...
Pourtant, ils en font. Certain  médias ont bien leur rubriques ou leurs rendez-vous de fact-cheking. Mais à l'instar du Désintox , ces rubriques sont rarement mises en valeur, rarement proposées "en tête de gondole" des médias. Le fact-checking est un travail parfois ingrat, il faut souvent passer en revue des tombereaux de chiffres, des montagnes de documentation complexes, mais lorsqu'il est mis en scène il se révèle diablement efficace.  Bien qu’il reste toujours une mission parodique, il est temps que les autres médias s'en saisissent et le mettent en valeur. Pour que le public fasse à nouveau confiance, il est sans doute nécessaire de mettre en scène, de mettre en valeur le fact-checking pour qu'il ne soit plus que le travail des éditorialistes par exemple. Et celui-ci gagnerait également à être plus réactif. Le web s'y prête particulièrement bien, reste à essayer de le faire à la télévision et en direct ou presque. 

Ecrit par : G. Vialy et J. Bayard