Les media 4ème pouvoir ?

1 - Les media, définition

Le mot média dérive de medium, médian, médiateur, intermédiaire. Grammaticalement il est le pluriel de médium. A ce titre, étant déjà le pluriel de medium (latin), il ne nécessite pas de terminaison "s" dont on l'affuble généralement.
Les media sont des moyens de communication, donc des intermédiaires, entre deux (ou plusieurs) groupes d'individus: affichage, livre, journaux, revues, cinéma, radio, télévision, internet...

La nature intermédiaire des media tient au fait que A veut communiquer avec B mais une communication directe entre A et B est rendue impossible ou difficile pour différentes raisons: B est éloigné de A ou bien A et B ne parlent pas la même langue, ou encore B est multiple (B1, B2, B3,...) et dispersé.
Les media étaient donc des intermédiaires dépendants de l'existence même de A et de B ainsi que de leur volonté de communication.
Si aujourd'hui, les media ont toujours besoin de A et B, ils ont acquis un savoir-faire tel qu'ils sont devenus incontournables dans tout processus de communication de masse (d'où le terme mass-media). Ils ont de ce fait acquis une certaine autonomie, voir une autonomie certaine.

C'est précisément cette autonomie, et les comportements qui vont avec, qui autorise leur qualification de quatrième pouvoir, après le pouvoir législatif, le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire. D'où leur vient ce nouveau pouvoir?

Media et politique

Le pouvoir acquis par les media depuis quelques décennies est particulièrement visible dans le domaine politique.

 Au temps de l'ORTF (disparue en 1974), les chaînes de télévision étaient sous le contrôle de l'Etat. On se souviendra des discours solennels et ex-cathedra du Général de Gaulle. Les temps ont bien changé depuis. La 1ère chaîne de télévision TF1 a été privatisée en 1984 et d'innombrables chaînes privées ont ensuite vu le jour. Leur influence n'a cessé de grandir au point d'être aujourd'hui incontournables, y compris par le pouvoir politique lui-même. Leur influence s'exerce au quotidien sur l'action politique:

  • Par la façon dont ils rendent compte de la mise en oeuvre de la politique intérieure de l'Etat,
  • Par le compte rendu qu'ils font de la politique extérieure et des conflits en cours,
  • Par leur façon de présenter telle ou telle manifestation,
  • Par le compte rendu des débats nationaux,
  • Par le jeu des commentaires et des invitations à débattre...

Dans le débat politique avec les citoyens les media poussent les hommes politiques à la starisation. Les débats politiques publics qu'ils organisent prennent alors l'allure de shows télévisés qui visent plus l'attraction d'audience que la diffusion des idées.

Lors des primaires des présidentielles 2017 il était comique d'observer la soumission des candidats à leurs intervieweurs par des petites phrases révélatrices: "Si vous le permettez M...., j'aimerais ajouter..., sans vouloir vous offenser...." montrant que ce ne sont pas les politiques qui sont maîtres du jeu, mais bien les journalistes.

La dépossession des politiciens passe par l'intrusion dans leur vie personnelle, et parfois intime. Leur habillement, leur look, leurs fréquentations, deviennent plus importants que le contenu de leur discours politique. Ce qui amène à une dépolitisation des débats pouvant aller jusqu'à l'indifférence du public au contenu. Le public ne retiendra alors que: "elle a été bonne", "il a été mauvais"...

L'exercice de ce pouvoir médiatique oblige les politiciens eux-mêmes à utiliser les techniques de communication en faisant appel à des conseillers en communication. Nous sommes passés à l'ère de la politique spectacle.

 

Le résultat en est que, pour être performant, la forme (l’émotionnel, le populisme…) devient plus important que le fond (analyse, raisonnement…).

Ecrit par : G. Vialy et J. Bayard