Les réseaux sociaux au cœur de la bataille politique

INFOGRAPHIE - Twitter, Facebook et YouTube sont désormais des relais indispensables pour les candidats.

Avec 6,5 millions de spectateurs. Un succès démultiplié par la caisse de résonance numérique offerte par les nouveaux outils de campagne. Le seul hashtag officiel de l'émission #LeGrandDebata été utilisé plus d'un million de fois sur Twitter, et 1.500.000 messages au moins ont été échangés sur le sujet, selon la plateforme de veille Visibrain. «La télévision reste l'outil d'expression politique essentiel: il suscite le plus de confiance. Mais Internet s'est installé dans les usages, au point que c'est devenu le second espace privilégié de l'expression politique. Un média ne remplace pas l'autre, ils sont à la fois incontournables et complémentaires», relève Christophe Piar, enseignant à Sciences Po et spécialiste de la communication politique.

Reste que les ressorts de la communication numérique jouent un rôle considérable sur la morphologie du premier tour de cette présidentielle. Jean-Luc Mélenchon, l'un des présidentiables les plus âgés du scrutin, est ainsi parvenu à se départir de l'accusation de «gauche passéiste» souvent accolée à sa sphère politique. Sa chaîne YouTube, forte de près de 260.000 abonnés, est devenue incontournable, y compris auprès des jeunes générations.

 

«On touche vraiment les Français»

Fait nouveau, le favori des sondages au premier tour, Emmanuel Macron, s'est émancipé de l'appareil socialiste pour constituer En marche!, une force essentiellement organisée et fédérée par Internet et sur les réseaux sociaux. «Le plus grand changement dans la campagne de 2017 par rapport aux deux précédentes, c'est le nombre de Français connectés. En 2006, c'était anecdotique, je n'avais moi-même pas de smartphone. Aujourd'hui, quand on fait une campagne numérique, on touche vraiment les Français, ils sont directement rattachés au candidat. Les deux dernières campagnes ont été dans un numérique de l'à côté. Cette fois, c'est le cœur de la campagne qui est numérique».

 

Alain Juppé, longtemps favori de la primaire de la droite, a fortement pâti du sobriquet #AliJuppé, dif­fusé sur Twitter

 

À droite également, les outils digitaux et les réseaux sociaux ont largement contribué à créer la «surprise» Fillon lors de la primaire. «Cela nous a beaucoup aidés au départ pour relayer la campagne et les idées de notre candidat quand personne n'y croyait», concède Gautier Guignard, responsable de la campagne digitale.

À l'inverse, Alain Juppé, longtemps favori de la primaire de la droite, a fortement pâti du sobriquet #AliJuppé, diffusé sur Twitter. «Nous étions les premiers à subir une campagne de cette ampleur, il n'y avait pas de précédent pour planifier une réaction. Nous n'avons pas tout de suite mesuré la portée de l'attaque, et donc directement pas répondu là ou avait lieu l'attaque, par chaîne de mails anonymes et sur Twitter. Ce qui a été une erreur», déplore Eve Zuckerman, en charge de la stratégie numérique du maire de Bordeaux lors de la primaire.

 

  

Ecrit par : G. Vialy et J. Bayard