Projet de loi renforçant la protection du secret des sources des journalistes (NOR : JUSX1311820L)

Projet de loi

 

NOR : JUSX1311820L

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Article 1er

L'article 2 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse est remplacé par les dispositions suivantes :

« Art. 2. - I. - Afin de garantir l'exercice de leur mission d'information du public dans une société démocratique, le secret des sources des journalistes est protégé et il ne peut y être porté atteinte que dans les conditions prévues par la loi.

« Est considéré comme journaliste pour l'application du présent article :

« 1° Toute personne qui, dans l'exercice de sa profession pour le compte d'une ou plusieurs entreprises de presse, de communication au public en ligne, de communication audiovisuelle ou d'une ou plusieurs agences de presse, pratique le recueil d'informations et leur diffusion au public ;

« 2° Le collaborateur de la rédaction, soit toute personne qui, dans l'exercice de sa profession comme salariée dans une des entreprises mentionnées au 1°, est amenée, par sa fonction au sein de la rédaction, à prendre connaissance d'informations permettant d'identifier une source et ce, à travers la collecte, le traitement éditorial, la production ou la diffusion de ces mêmes informations.

« II. - Constitue une atteinte au secret des sources d'un journaliste le fait de chercher à découvrir ses sources au moyen d'investigations portant sur sa personne ou sur toute personne qui, en raison de ses relations habituelles avec lui, peut détenir des renseignements permettant d'identifier ces sources.

« Il ne peut être porté atteinte au secret des sources que si cette atteinte est justifiée par la prévention ou la répression soit d'un crime soit d'un délit constituant une atteinte grave à la personne ou aux intérêts fondamentaux de la Nation et si les mesures envisagées sont strictement nécessaires et proportionnées au but légitime poursuivi.

« Toutefois, un journaliste ne peut en aucun cas être obligé de révéler ses sources.

« III. - Il ne peut être porté atteinte au secret des sources au cours d'une enquête de police judiciaire ou d'une instruction que sur décision d'un juge, dans les conditions et selon les modalités prévues par les articles 706-183 à 706-187 du code de procédure pénale.

« IV. - La détention par un journaliste de documents provenant du délit de violation du secret professionnel ou du secret de l'enquête ou de l'instruction ou du délit d'atteinte à l'intimité de la vie privée ne peut constituer le délit de recel prévu par l'article 321-1 du code pénal lorsque ces documents contiennent des informations dont la diffusion au public constitue un but légitime en raison de leur intérêt général. »

Article 2

Après l'article 706-182 du code de procédure pénale, il est inséré un titre XXXIV ainsi rédigé :

« Titre XXXIV

« Dispositions relatives à la protection du secret

« des sources des journalistes

« Art. 706-183. - Il ne peut être porté atteinte au secret des sources des journalistes au cours d'une procédure pénale qu'à titre exceptionnel, dans les conditions et selon les modalités prévues par les dispositions du présent titre.

« Pour l'application de ces dispositions, les informations protégées au titre du secret des sources et la notion de journaliste sont celles définies par l'article 2 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse.

« Art. 706-184. - Tout journaliste entendu, au cours de l'enquête de police judiciaire ou d'une instruction ou devant une juridiction de jugement, en tant que témoin ou personne suspectée ou poursuivie, sur des informations recueillies dans l'exercice de son activité est libre de ne pas en révéler l'origine.

« Art. 706-185. - Aucun acte d'enquête ou d'instruction ne peut avoir pour objet de porter atteinte au secret des sources d'un journaliste, au moyen d'investigations portant sur sa personne ou sur toute personne qui, en raison de ses relations habituelles avec lui, peut détenir des renseignements permettant d'identifier ces sources, sauf s'il est justifié par la prévention ou la répression soit d'un crime soit d'un délit constituant une atteinte grave à la personne ou aux intérêts fondamentaux de la Nation et si les mesures envisagées sont strictement nécessaires et proportionnées au but poursuivi.

« A peine de nullité, l'acte doit être préalablement autorisé par ordonnance spécialement motivée au regard des conditions prévues par le présent article prise par le juge des libertés et de la détention saisi, selon les cas, par requête motivée du procureur de la République ou par ordonnance motivée du juge d'instruction.

« Art. 706-186. - Lorsqu'elles ont pour objet de porter atteinte au secret des sources d'un journaliste, les perquisitions prévues à l'article 56-2 doivent être préalablement autorisées par une ordonnance du juge des libertés et de la détention motivée par référence aux dispositions de l'article 706-185.

« En cas d'opposition à la saisie conformément aux dispositions du septième alinéa de l'article 56-2, les attributions confiées au juge des libertés et de la détention en application de cet alinéa et des alinéas huit à onze sont exercées par le président de la chambre de l'instruction. »

« Art. 706-187. - A peine de nullité, ne peuvent être transcrites, à l'occasion d'une interception de correspondances émises par la voie des télécommunications, les correspondances avec un journaliste permettant d'identifier une source si les conditions prévues par le premier alinéa de l'article 706-185 ne sont pas remplies. »

Article 3

I. - Au deuxième alinéa de l'article 326 du code de procédure pénale, les mots de la dernière phrase après le mot : « pénal » sont supprimés.

II. - Sont abrogés le dernier alinéa de l'article 100-5 et le deuxième alinéa des articles 109 et 437 du même code.

Article 4

Le code pénal est ainsi modifié :

1° L'article 226-4 est complété par un alinéa ainsi rédigé :

« Lorsque les faits prévus au premier alinéa ont été commis dans l'intention de porter atteinte au secret des sources d'un journaliste, l'amende est portée à 30 000 €. » ;

2° L'article 226-15 est complété par un alinéa ainsi rédigé :

« Lorsque les faits prévus aux deux alinéas précédents ont été commis dans l'intention de porter atteinte au secret des sources d'un journaliste, l'amende est portée à 75 000 €. » ;

3° L'article 432-8 est complété par un alinéa ainsi rédigé :

« Lorsque les faits prévus au premier alinéa ont été commis dans l'intention de porter atteinte au secret des sources d'un journaliste, l'amende est portée à 75 000 €. » ;

4° L'article 432-9 est complété par un alinéa ainsi rédigé :

« Lorsque les faits prévus aux deux alinéas précédents ont été commis dans l'intention de porter atteinte au secret des sources d'un journaliste, l'amende est portée à 75 000 €. »

Article 5

L'article 719 du code de procédure pénale est complété par un alinéa ainsi rédigé :

« Lorsqu'ils visitent un établissement pénitentiaire, ils peuvent être accompagnés par un ou plusieurs journalistes, titulaires de la carte d'identité professionnelle mentionnée à l'article L. 7111-6 du code du travail et habilités dans des conditions fixées par décret. »

Article 6

La présente loi est applicable sur l'ensemble du territoire de la République.

http://www.legifrance.gouv.fr/ mercredi  26 novembre 2014

 

Pouvoir des médias, atout ou danger de la démocratie ?

Comme vous le savez, le mot « démocratie » désigne un régime politique dans lequel le pouvoir appartient au peuple, c’est-à-dire dans lequel le peuple est souverain. Et actuellement, nous vivons dans un monde démocratique saturé d’information. Nous sommes en effet sans cesse assaillis par toutes sortes d’informations à travers les médias, tels que la télévision, la radio... Mais alors, jusqu’où peut aller le pouvoir des médias ? Représentent-ils un atout ou un danger pour la démocratie ?

 

Les médias tels que la presse écrite, la télévision, la radio, ou encore Internet, prouvent tous les jours que la liberté d’expression est bel et bien réelle. Mais ce monde médiatisé qu’est le nôtre reflète bien à quel point il est difficile de s’exprimer, de transmettre et de comprendre l’information.

Nous sommes en l’occurrence dans un pays, la France, qui permet une grande liberté d’expression. Nous le voyons à travers la presse écrite, par exemple, dans laquelle la diversité des opinions des journalistes peut se manifester. Et ce n’est pas le cas dans tous les pays !

Dans tous les cas, notre démocratie nous permet bien des choses.

A la télévision, par exemple, nous pouvons regarder sans état d’âme l’émission « Les Guignols de l’info » (Canal plus), qui présente de façon humoristique et dérisoire la vie (reprise de faits d’actualité) de nos politiciens.

Grâce aux différents médias existants, nous pouvons donc nous informer et nous faire notre propre opinion sur tel ou tel sujet, aussi bien au sujet de la vie politique que dans tout autre domaine.

L’information n’a plus de frontière, nous pouvons donc sans cesse enrichir notre savoir et réagir. Mais l’information peut parfois être diffusée de façon néfaste. Cette fameuse expression : « Trop d’information tue l’information » peut parfois dire vrai.

Internet a développé, de façon massive, la désinformation.

Et la disparition d’un journal, par exemple, peut engendrer un mauvais fonctionnement de la démocratie. De plus, les médias ne risquent-ils pas d’influencer l’information et de faciliter toutes formes de manipulation ?

Actuellement, en France, nous pouvons dire que la démocratie est en crise. Le nombre d’abstentions lors des votes illustre bien ce problème. « Les absents ont toujours tort ».

Les hommes sont de plus en plus individualistes, et la notion de « peuple » tend à disparaître. Phénomène corollaire ou pas, les médias, qui étaient jusqu’alors des lieux de liberté, ont désormais le pouvoir de manipuler.

En effet, de nouvelles techniques de persuasion sont utilisées à travers les médias. Nous pouvons citer l’exemple de la rhétorique médiatique des hommes politiques, qui est celle de l’émotion, du direct, de l’expérience et du témoignage, bien plus que celle de l’analyse et du raisonnement.

L’important, c’est le contact, comme le confirme Gabriel Vialy dans sa phrase : « La relation l’emporte sur le contenu, et l’énonciation compte plus que l’énoncé ».

Les médias ont une influence sur le peuple, sur l’opinion publique.

Alors qu’autrefois, l’électeur s’informait uniquement par la lecture des journaux, les outils actuels de communication instituent une sorte de suffrage instantané, puisque l’auditeur intervient à l’antenne pour donner son avis, et que le téléspectateur est invité à des émissions de débats politiques.

L’interaction gouvernants/gouvernés s’établit quasiment en temps réel, et favorise le dialogue entre les élus et les citoyens. Malheureusement, cette manipulation peut produire un effet de propagande, qui prive de liberté les individus qui y sont soumis.

Selon la définition de Christi Couder, la propagande a pour but d’exercer une influence sur les personnes : « soit pour les faire agir dans un sens donné [...], soit au contraire, pour les rendre positifs et les dissuader de s’opposer à certaines actions menées par le pouvoir... ».

Dans ce cas, les médias peuvent avoir un rôle très dangereux. Ces méthodes sont aussi appelées « bourrage de crâne ».

Les médias sont d’autant plus nocifs qu’ils peuvent aussi induire en erreur. Un épisode fameux illustre parfaitement ce fait : en 1938, à la radio CBS, lors d’une émission intitulée « L’invasion martienne », Orson Welles, le célèbre réalisateur de cinéma, déclenche un vent de panique chez certains auditeurs, persuadés de l’imminence de la venue des Martiens sur Terre.

Le but de la propagande est donc bien de répandre des informations de telle manière que le récepteur à la fois l’agrée et soit dans l’incapacité de faire un autre choix à son sujet.

Il existe d’ailleurs, pour faciliter cette persuasion, d’après Gabriel Vialy, divers procédés pour diffuser une information : l’utilisation de slogans, le fait d’oublier volontairement certains détails, et d’en grossir d’autres, de dénaturer certains faits, la répétition inlassable des idées principales... Il s’agit aussi de créer l’illusion d’une unanimité, et il ne faut pas oublier non plus la volonté d’uniformisation, de conformisme, autant d’éléments nécessaires à une bonne propagande.

Les termes « pouvoir des médias » et « démocratie » sont donc des termes qui sont ambigus lorsqu’ils sont associés. Les médias ont en effet un pouvoir tel qu’il peut parfois tuer la démocratie. Les médias qui avaient, à l’origine, le pouvoir de transmettre de l’information, ont évolué. Ils peuvent non seulement diffuser de l’information, mais aussi la masquer, ou la modifier.

Il faut donc se méfier ! Le média a une présence telle qu’on pourrait le comparer à un membre de notre famille, mais il ne faut pas lui faire confiance, comme s’il s’agissait d’un individu à part entière.

L’information est diffusée en masse, et il faut savoir la sélectionner. Attention à vous !

Ecrit par : G. Vialy et J. Bayard 

TOUS NOS VŒUX POUR 2014 - DU CONSEIL DE L’ORDRE DES JOURNALISTES France

UNE SOMBRE PERIODE POUR LA PRESSE ECRITE

 

C’est une bien malheureuse période que traverse la presse dans le monde occidental.

Les raisons de celles-ci sont bien connues et ne cessent de gagner en puissance, notamment avec la concurrence d’Internet et la multiplication des journaux gratuits, qui ont bouleversé substantiellement les comportements du lectorat. Corrélativement, l’usage de smartphones et tablettes tactiles ne cesse de croître, au point qu’il s’agit d’une véritable révolution numérique, affectant le modèle économique de la presse traditionnelle. En effet, les recettes publicitaires des journaux ont considérablement diminuées au profit d’internet et cela ne risque pas de s’améliorer. Qu’en est-il alors du journal imprimé ? La crise signe-t-elle sa disparition ?  Certains optimistes, continuent de lui prédire un avenir où seuls quelques journaux perdureront et devront cibler des lecteurs haut de gamme. Les éditeurs de presse en ligne français quant à eux, font face en réclamant une « taxe Google » qui consisterait à percevoir des indemnités de la part des moteurs de recherche, au nom de l’utilisation de leurs contenus.

Une exigence à étudier mais certainement insuffisante pour lutter contre la fermeture des titres. De même, la conversion des journaux papiers en medias exclusivement internet semble assez hasardeuse, dans la mesure où la version imprimée est la plus rentable pour les éditeurs.

Si trouver un juste milieu s’avère une tâche hardie, c’est pourtant le défi que devra relever la presse, et ce au nom de sa survie. Actuellement, les seuls groupes de presse résistant le plus habilement à la crise sont ceux qui ont élaboré de nouvelles sources de revenu, émanant d’activités accessibles exclusivement sur Internet. En atteste le quotidien norvégien Schibsted, qui, à l’issue d’un partenariat avec un site de petites annonces, tire ses principaux revenus de cette activité. Une alternative judicieuse puisqu’elle permet à ce journal de subsister en ces temps rudes. Cela d’autant que les coûts d’imprimerie et de processus de publication demeurent élevés et constituent une charge incommensurable pour les groupes de presse. Notons que depuis 2010, plus de 2000 kiosques ont fermé en France. Un triste bilan auquel s’ajoute la remise en question de la profession de journaliste, qui est sacrifiée en premier sur l’autel de la crise. Autant de troubles auxquels il semble indispensable de trouver des solutions, afin que la presse conserve la place qui lui revient dans cette société de l’information dévorée par Internet. Conscient de l’ampleur du problème, c’est dans ce contexte de crise que le COJF a formulé ses vœux à la presse en ce début d’année.

 

LES PROJETS  POUR LA PRESSE EN 2014

 

En ce 1er janvier 2014, le Conseil de l’Ordre des Journalistes de France, (COJF) a fait part, et devant plus de 100 journalistes, des réformes envisagées pour l’année à venir en ce qui concerne la presse écrite et l’audiovisuel. Evoquant la crise, le COJF affirme d’abord vouloir assurer la liberté et l’indépendance de la presse écrite. Au fil du discours, intervient alors l’annonce d’une réforme en matière d’aides à la presse. Non seulement, cette réforme est envisagée comme un privilège à la presse d’information politique et générale, mais elle devrait également constituer un soutien dans la transition vers le numérique, pour les groupes de presse qui le souhaitent. Le COJF  à appeler à la solidarité et à la coopération interprofessionnelle, et cela particulièrement en ce qui concerne la mesure précitée. Dans le cas où nul accord ne serait trouvé, le COJF interviendra alors. Autre domaine évoqué dans le discours du COJF, la « taxe Google » réclamée par les éditeurs de presse en ligne français. En effet, ces derniers exigent une rémunération de la part des moteurs de recherche (Google en tête), au nom de l’utilisation de leurs articles. Les négociations en cours s’avérant infructueuses (Google s’y refusant fermement), le COJF envisage l’intervention du législateur en la matière, afin d’établir un droit voisin des droits d’auteur, en faveur des éditeurs de presse en ligne.

De même, l’intervention du législateur est confirmée en ce qui concerne la protection des sources des journalistes. Une disposition législative naîtra donc en 2014.

Que de projets ambitieux pour la presse et l’audiovisuel en 2014. Cependant, aucun élément ne permet de conclure que ces mesures permettront de faire habilement face à l’hégémonie du numérique au sein de notre société, toutefois elles semblent constituer un premier pas vers le salut.

Demeurent tout de même quelques questionnements concernant la place accordée à la presse écrite. En effet, peut-être que la crise ébranlant la presse écrite soulève une difficulté plus profonde, à savoir une réelle mutation de la société dans son rapport à la presse écrite.

Christi Couderc journaliste dans le Cantal  décrit la situation critique de la presse écrite en ces termes : « …l’ancien monde n’arrive pas à mourir quand le nouveau n’arrive pas à naître ».

Quelles que soient les spéculations émises sur l’issue de cette phase critique pour la presse écrite, souhaitons à « l’ancien monde » pour 2014, que ces bonnes initiatives lui permettront de passer cette zone de turbulences avec brio.

Je souhaite que vous puissiez éprouver en 2014 du bien-être et du plaisir dans vos actions quotidiennes qui contribueront à la réussite du projet collectif qu'ensemble, nous mettrons en œuvre pour les Médias.

Je souhaite à chacune et à chacun d’entre vous, ainsi qu’à vos proches et à ceux qui vous sont chers, mes meilleurs vœux pour une très belle et épanouissante année 2014.

Je vous remercie de votre présence à ce rendez-vous important de la vie républicaine, parce qu’il me permet de vous adresser mes vœux pour cette nouvelle année qui commence.

 Ecrit par : G. Vialy et J. Bayard

 

LES RÉSEAUX SOCIAUX, un media d’information a part entiere ?

logo

La vaste toile virtuelle tissée entre les internautes par le biais des réseaux sociaux facilite la circulation et le partage d’information entre les individus. Grâce aux réseaux nationaux et internationaux, l’information se répand d’une famille à une autre, d’une entreprise à une autre ou encore d’une nation à une autre. Elle se déplace de façon illimitée et instantanée, sans contrainte de frontières, de fuseaux horaires ou de coût financier.

 

L’information devient donc immédiate et accessible au-delà des frontières physiques ou culturelles, comme l’illustrent la diffusion immédiate des images des révolutions en Tunisie et en Egypte le mois dernier. Si les réseaux sociaux sont aujourd’hui un levier de diffusion et de partage de l’information, peuvent-ils être considérés comme un média d’information à part entière ?Une information polymorphe 

L’information qui circule sur les réseaux sociaux se démarque de celle des médias traditionnels par sa variété : les internautes échangent aussi facilement des contenus personnels et intimes, qu’ils partagent des événements sociaux et sportifs ou qu’il réagissent à des actualités économiques et politiques. Sur les réseaux sociaux, la typologie d’information n’est pas contrainte et délimitée comme dans les médias traditionnels où la caractérisation et la segmentation s’avèrent des principes structurants du format.

S’exprimer totalement.

Le réseau Facebook, qui compte près de 200 millions d’utilisateurs dans le monde, démontre de manière efficace le partage d’informations universelles offert par les réseaux sociaux. Les internautes ayant ouvert un profil sur le réseau y échangent des informations personnelles, des photos ou des vidéos, mais ils s’en servent également pour relayer des actualités qui ont pu susciter leur intérêt.

Cette grande variété d’informations disponibles, sans souci de segmentation, participe à la disparition des frontières entre les catégories d’informations échangées. La hiérarchie entre informations personnelles, professionnelles et les actualités d’ordre général disparaît, laissant la place à une juxtaposition voire une confusion. Ce phénomène est d’autant plus amplifié que les contributeurs des réseaux sociaux ne sont pas tenus à la même exigence de sérieux et de fiabilité des sources que les journalistes. Si une actualité est facilement et gratuitement accessible sur les réseaux sociaux, à la différence des médias traditionnels où elle est limitée et payante, celle-ci reste incertaine et invérifiable.

Une information exacte est plébiscitée.

Des journalistes se sont d’ailleurs interrogés sur la pertinence de l’information disponible sur les réseaux sociaux. L’expérience de « Huis clos sur le net »,menée en février 2013 par deux journalistes enfermés et coupés de tout moyen de communication, sauf Twitter et Facebook, a mis en évidence l’efficacité des réseaux sociaux comme média d’information. Les actualités majeures transitent bien par ces réseaux, tandis que les fausses rumeurs sont facilement identifiables du fait de la loi des grands nombres : les informations exactes étant largement plébiscitées. Néanmoins, les journalistes demeurent mitigés sur la fiabilité de l’information. En effet, les éléments de contextualisation faisant défaut, elle est difficilement hiérarchisable. Les journalistes ont pu être « trompés » par des événements mineurs pourtant relayés de façon disproportionnée. Enfin, ils ont noté que les événements sociaux marquants ont été relativement minorés au profit de polémiques ou de rumeurs politiques « faisant le buzz ».

Une nouvelle « expérience sociale » de l’information

Les réseaux sociaux : une information ‘dynamique’…

L’information diffusée par les réseaux sociaux se démarque de celle des médias traditionnels par son caractère personnalisé, participatif et partagé. Personnalisé, car les internautes utilisent les réseaux dont ils sont membres pour filtrer les actualités qu’ils souhaitent recevoir, pour les noter ou encore pour réagir à l’une ou l’autre. Participatif, car un tiers des usagers a déjà contribué, commenté ou diffusé de l’information. Et partagé, car la majorité des internautes utilisent les réseaux sociaux comme source d’information. Ces réseaux participent activement à l’ouverture de la société d’opinion en permettant à tous de commenter une actualité instantanément, de s’exprimer et de donner son avis à son sujet. Les internautes deviennent ainsi de véritables acteurs de l’information.

…Mais à la durée de vie limitée 

Les réseaux sociaux transforment la relation de l’internaute à l’information. Les critères d’évaluation évoluent : elle n’est plus universelle et propriété des seuls journalistes ; mais commune et participative. Dorénavant, elle doit être dynamique, renouvelée et sensationnelle ! Les phénomènes de « buzz », amplifiés et démultipliés par l’avènement des réseaux sociaux, permettent d’ailleurs de générer du trafic autour de cette information et d’augmenter ainsi sa durée de vie.

La difficulté réside désormais dans la gestion de l’information en temps réel, à la fois sur les médias traditionnels et sur les nouveaux supports. L’instantanéité de l’information sur les réseaux sociaux impose une nécessaire réactivité des émetteurs de messages (journalistes, entreprises, usagers des réseaux sociaux, etc.).

Un nouveau statut de l’information : Les réseaux sociaux versus médias traditionnels ? 

Cette analyse met en lumière l’importance croissante des réseaux sociaux dans l’univers médiatique : leur profusion et leur puissance de diffusion en font un outil de communication influent et efficace. Ils sont de plus en plus perçus comme un nouveau média d’information « journalistique », qui s’installe à côté des médias traditionnels. Les informations diffusées sur les réseaux sociaux sont régulièrement reprises dans la presse ou à la télévision, notamment les exclusivités qui sont relayées sur les réseaux sociaux avant de faire scandale sur la scène publique.

Un nouvel outil de communication pour les leaders d’opinion 

Les leaders d’opinion investissent également les réseaux sociaux et les utilisent comme relais d’information.  Ce constat doit être modéré par la jeunesse du phénomène : la majorité des journalistes utilisant les réseaux sociaux sont issus de la « jeune génération », tandis que les professionnels plus âgés demeurent sceptiques sur le sérieux et l’efficacité de ce média.

Les réseaux sociaux attirent également l’intérêt des responsables politiques qui les envisagent comme un véritable outil d’influence. Ils deviennent dès lors un levier de communication, informel et sympathique.

La nécessaire « éditorialisation » de l’information 

Non plus fidèles à un seul média, les internautes sélectionnent l’information qui les intéresse et panachent les sources. Dès lors, le format des médias traditionnels qui fonctionnait sur un principe d’audience stable et fidèle n’est plus adapté aux besoins de lecteurs versatiles. C’est une mutation profonde du fonctionnement des médias qu’il convient d’engager pour attirer lecteurs et audimats.Le média n’est plus propriétaire ni garant de l’information qui doit désormais exister de manière autonome. Orpheline, elle devient incertaine et contestable. Dans ce contexte, la signature du journaliste s’impose comme la nouvelle marque du contenu diffusé, où la renommée de celle-ci détermine la qualité de l’information. Ainsi, la crédibilité historique des médias traditionnels se voit progressivement dépasser par l’influence de journalistes, de plus en plus indépendants, qui deviennent de véritables marques, comme en témoignent les nombreux blogs personnels des journalistes des grands quotidiens nationaux autorisés et publiés par la rédaction sur le site même.

Ecrit par : G. Vialy et J. Bayard

 

 

Le métier de journaliste va-t-il disparaître avec Internet ?

Lorsque vous décidez de lancer une activité sur Internet, la plus grosse difficulté est d’accepter l’idée selon laquelle le pouvoir ne vous appartient plus car il appartient désormais à l’internaute. C’est une rude épreuve car ce n’est jamais agréable de constater que l’on ne dira plus et ni fera plus ce que l’on veut quand on veut. Prenons l’exemple des média. Avant Internet, la structure hiérarchique du pouvoir sur l’information était claire : le journaliste proposait une information, le lecteur en disposait. Les possibilités de réponses étaient plus que réduites car il fallait faire partie de l’heureux élu qui allait être publié dans le courrier des lecteurs et encore il y avait en amont un premier filtre, le journaliste.

 

Le pouvoir était hiérarchisé de façon verticale, il fallait soit croire les média que vous suiviez soit faire l’effort de lire et écouter beaucoup de média différents pour vous faire votre propre opinion…ce que personne ne fait évidemment, trop cher et pas assez de temps. C’était extrêmement frustrant de lire ou d’entendre une information que vous estimez fausse et de ne rien pouvoir faire si ce n’est hurler chez vous, mais personne ne vous entend !

Cette situation est évidemment confortable pour les journalistes car non seulement ils ne peuvent pas être contredits publiquement mais en plus l’information en chasse une autre, l’information s’oublie vite et facilement. Cette situation leur donnait un pouvoir d’influence considérable sur l’opinion. Il était très aisé de faire passer une idéologie ou d’en attaquer une autre. C’est pourquoi avec l’arrivée du web, le pouvoir s’est organisé et structuré différemment.

Sur Internet : plus aucune hiérarchie, plus aucune élite.

 

Votre voisin a potentiellement autant de pouvoir que le rédacteur en chef du Monde. Tout le monde est sur le même pied d’égalité. Le pouvoir est structuré de façon horizontale.
Sur Internet, un contenu vit. Dans un média traditionnel, avant d’être diffusé, un contenu est contrôlé et vérifié. Il devient donc figé car il n’y a pas la possibilité de réponse, de contre-argumenter ou de corriger…Sur Internet, l’internaute dispose d’une quantité d’outils lui permettant d’enrichir le contenu sans cesse : vidéo, photo, audio, powerpoint, texte… Le processus de création est inversé, auparavant cela se passait en amont, désormais cela ‘exécute en avale car les internautes s’emparent de votre contenu. Un article prend souvent de la substance grâce aux commentaires qui argumentent, contre-argumentent, étayent… ce qui fait que parfois les commentaires deviennent plus intéressants que l’article en lui-même. Alors, ils génèrent souvent plus de trafic que l’article lui-même. Ainsi, les journalistes à l’ego démesuré vont vivre de sales moments.

Les média traditionnels ont perdu leur pouvoir car ils vivaient d’informations qui ne nous étaient pas disponibles or Internet a inversé la tendance, l’internaute peut avoir des informations que le journaliste n’a pas. L’internaute est devenu le média.  Pour avoir du pouvoir et se faire entendre, il faut beaucoup de connexions et plus il y aura d’utilisateurs dans le réseau, plus ce réseau aura de la valeur et plus son influence sera grande.
Certains journalistes souhaitent protéger leurs articles en invoquant leurs droits d’auteur lorsque celui-ci doit être diffusé sur Internet afin d’éviter que l’article se retrouve partout sur Internet. C’est dire le décalage de compréhension qu’ont ces journalistes avec le fonctionnement d’Internet. Comment leur expliquer que leur texte est souvent une base de départ à une longue discussion entre les internautes, qu’il sera taillé, disséqué, modifié…En somme, si certains demandent des droits d’auteur pour leur article, ce sont l’ensemble des internautes-rédacteurs qui devraient en demander autant. Car comme nous l’avons vu, l’opinion de ces journalistes n’est pas moins ou plus importante que celle des utilisateurs..
Quand on  a un tel pouvoir sur l’opinion, on ne peut pas facilement accepter de l’abandonner. Il est donc très compréhensible que certains s’opposent farouchement à cette liberté d’écrire et de diffuser sur internet  car les “vendeurs d’opinion” comme :

 

« les éditorialistes par exemple sont des professions qui ne sont plus légitime avec Internet. »

 

Internet est un média où se diffuse essentiellement des opinions, ainsi, les internautes deviennent de plus en plus éclairées mais  en quoi leurs opinions seraient-elles plus pertinentes que les nôtres ? Seules les journalistes qui apporteront une réelle valeur ajoutée comme l’enquête de terrain par exemple seront plus utiles et pertinents.
On parle souvent de la mort du métier de journaliste mais ce n’est pas le journalisme qui va disparaître c’est le journaliste inutile qui va soit annoncer des faits, des événements comme par exemple : “hier il faisait -20 dans l’est de la France, ils annoncent de la neige”, soit nous vendre une opinion du genre : “La gauche est comme ci, la droite est comme ça…”. Seul survivra, le journaliste qui apportera une compétence qu’un internaute ne peut fournir, les autres disparaîtront.

Ecrit par : G. Vialy et J. Bayard