Le journalisme, un statut complexe !

On compte environ 36.000 journalistes en France, chiffre qui a doublé en vingt-cinq ans mais qui a tendance à baisser depuis quatre ans. Le nombre d’hommes est légèrement supérieur à celui des femmes. Sur 1.600 nouveaux journalistes l’an dernier, seuls 255 sortaient des écoles spécialisées. Les deux tiers d’entre eux travaillent dans la presse écrite, 19 % à la télévision et 15 % à la radio.

 

Cette profession est à la fois complexe et exposée. Complexe, elle l’est par la variété des métiers de journaliste et parce que ce dernier est un salarié donc dépendant d’une hiérarchie mais en même temps, il revendique son “indépendance”. Exposée, elle l’est parce que le journaliste, soumis au public, est aussi coresponsable avec le directeur de sa publication de ses articles devant les tribunaux.

Son statut a été fixé par une loi de 1935, remaniée maintes fois depuis. Désormais cette dernière octroie au journaliste des protections : le bénéfice de la “clause de conscience” s’il peut démontrer qu’il y a changement de la ligne éditoriale du titre dont il est le salarié ; celui de la “clause de cession”, en cas de changement de la propriété de son média. Ces clauses valent indemnités de rupture mais pour en limiter les abus, la clause de cession a été plafonnée. Enfin, troisième protection, celle du “secret des sources” qui permet au journaliste de ne pas dévoiler son ou ses informateurs aux enquêteurs sauf cas précis intéressant la défense nationale.

Pour les salaires, ces derniers varient selon les entreprises de presse écrites ou audiovisuelles, parisiennes ou régionales. L’écart maximal entre un rédacteur en chef et un rédacteur se situe généralement entre 1 à 5. Cet écart provient de l’histoire de la presse : un même journaliste était souvent employé dans plusieurs rédactions. Travaillant à la « pige » selon la longueur de l’article, il bénéficiait donc d’avantages matériels qui ont disparu. Aujourd’hui,  le plein-temps et la pige sont traités en salaires et cela, avec les mêmes charges. Mais en raison de la faiblesse de ces salaires, les entreprise de presse ont obtenu sans augmentation de leurs charges, un abattement forfaitaire sur leurs revenus pour “frais d’emploi”. Autrefois, celui-ci s’élevait jusqu’à 30 % des revenus. Plafonné il y a trente-cinq ans, il s’élève maintenant à 7 600 euros. Contrairement aux légendes colportées sur Internet, ce forfait  est reconduit sans changement depuis un peu plus de quinze ans. 

Pour le lectorat et les auditeurs, la radio arrive en tête avec 61 % de confiance, suivie par la presse écrite à 55 % et la télévision à 48 % et cela malgré que  les journalistes jouissent d’un faible crédit. Deux Français sur trois les voient soumis aux pressions des partis politiques et 60 % à l’influence de l’argent. Certains réclament donc la constitution d’un “ordre des journalistes”, voire d’un “conseil de presse”. Deux suggestions aussi vaines qu’illusoires. Le journaliste n’est ni un avocat ni un médecin mais un salarié ; d’autre part, il ne peut pas être soumis au jugement de ses pairs dès lors qu’il exprime librement une opinion. Il y aurait soupçon tantôt de corporatisme, tantôt d’hostilité partisane. Seule la loi s’impose au journaliste. Cela n’interdit pas, au contraire, les “chartes déontologiques” auxquelles adhèrent librement les rédactions.

 Ecrit par : G. Vialy et J. Bayard

 

Peut-on parler encore d’autocensure?

 Y-a-t-il des sujets sensibles que les journalistes hésitent à traiter ?

Je dis toujours, si voyez l’autocensure, cherchez la censure. Quelque part il y a toujours un censeur invisible qui va établir sa règle et l’autocensure est toujours derrière cela. L’autocensure se développe toujours comme un réflexe de prévention de la censure

 La censure est la limitation arbitraire ou doctrinale de la liberté d'expression de chacun. Elle passe par l'examen du détenteur d'un pouvoir (étatique ou religieux par exemple) sur des livres, journaux, bulletins d'informations, pièces de théâtre et films, etc.  et ce  avant d'en permettre la diffusion au public. Par extension, la censure désigne différentes formes d'atteintes à la liberté d'expression, avant et/ou après leur diffusion (censure a priori et a posteriori). On distingue la censure politique (limitation par le gouvernement de la liberté d'expression) de la censure indirecte, non officielle, mais sous forme de pression, en particulier une forme de censure économique (due notamment à la concentration des médias, etc.) ; on peut aussi ajouter les phénomènes d'autocensure. La censure peut aussi être institutionnelle ou sociale par la privation de l'information disponible à des particuliers ou à un groupe....

Il est bon de rappeler que la liberté d'expression reste fragile d'autant que la concentration des médias évolue à grande échelle et les moyens technologiques également. Les dirigeants d'Etats, les rédacteurs en et indirectement les journalistes devraient, de temps en temps, se souvenir de cette définition pour proposer des informations moins lissées et formatées et plus ouvertes sur le monde.

L'arrivée des blogs indépendants et réseaux sociaux a donné un petit coup de pieds à cette grande fourmilière que sont les médias de concentration. Mais cela durera-t-il? Car le tout payant pointe son nez et les opérateurs, dans le cas de crises par exemple, n'hésitent pas à couper des liaisons satellites et internet.

Les téléphones sont devenus des tablettes d'écolier à fort contenu là où l'on oubli peut-être, au préalable, que l'éducation au média est une nécessité pour un bon fonctionnement de la démocratie et de la liberté d'expression.

Ecrit par : G. Vialy et J. Bayard

 

LA DISPARITION DE LA VOIX DES « SANS VOIX »

Contre les abus des pouvoirs, la presse et les médias ont été, pendant de longues décennies, dans le cadre démocratique, un recours des citoyens. En effet, les trois pouvoirs traditionnels - législatif, exécutif et judiciaire - peuvent faillir, se méprendre et commettre des erreurs. Beaucoup plus fréquemment, bien sûr, dans les Etats autoritaires et dictatoriaux, où le pouvoir politique demeure le responsable central de toutes les violations des droits humains et de toutes les censures contre les libertés.

 

Mais, dans les pays démocratiques aussi, de graves abus peuvent être commis, bien que les lois soient votées démocratiquement, que les gouvernements résultent du suffrage universel, et que la justice - en théorie - soit indépendante de l’exécutif. Par exemple, il arrive que celle-ci condamne un innocent; que le Parlement vote des lois discriminatoires à l’égard de certaines catégories de la population.

Dans un tel contexte démocratique, les journalistes et les médias ont souvent considéré comme un devoir majeur de dénoncer ces violations des droits. C’est pour cette raison que l’on a longtemps parlé du « quatrième pouvoir ». Ce « quatrième pouvoir » était en définitive, grâce au sens civique des médias et au courage de journalistes audacieux, celui dont disposaient les citoyens pour critiquer, repousser, contrecarrer, démocratiquement, des décisions illégales pouvant être iniques, injustes, et même criminelles, contre des personnes innocentes. C’était, on l’a souvent dit, la voix des sans-voix.

Depuis une quinzaine d’années, à mesure que s’accélérait la mondialisation libérale, ce «  quatrième pouvoir » a été vidé de son sens, il a perdu peu à peu sa fonction essentielle de contre-pouvoir. Cette choquante évidence s’impose en étudiant de près le fonctionnement de la globalisation, en observant comment un nouveau type de capitalisme a pris son essor, non plus simplement industriel mais surtout financier, bref un capitalisme de la spéculation. En cette phase de la mondialisation, nous assistons à un brutal affrontement entre le marché et l’Etat, le secteur privé et les services publics, l’individu et la société, l’intime et le collectif, l’égoïsme et la solidarité.

Le pouvoir véritable est désormais détenu par un faisceau de groupes économiques planétaires et d’entreprises globales dont le poids dans les affaires du monde apparaît parfois plus important que celui des gouvernements et des Etats. Ce sont eux les « nouveaux maîtres du monde »

Les moyens de communication de masse (stations de radio, presse écrite, chaînes de télévision, Internet) se regroupent de plus en plus au sein d’architectures foisonnantes pour constituer désormais de nouvelles possibilités d’expansion en raison des bouleversements technologiques. La « révolution numérique » a brisé les frontières qui séparaient auparavant les trois formes traditionnelles de la communication : son, écrit, image. Elle a permis l’apparition et l’essor d’Internet, qui représente un quatrième mode de communiquer, une nouvelle façon de s’exprimer, de s’informer, de se distraire en favorisant le développement de groupes médiatiques à vocation mondiale.

Ecrit par : G. Vialy et J. Bayard

 

UNE PRIORITE : LA DEONTOLOGIE D'AUJOURD'HUI

Le terme « déontologie » est un ensemble de règles qui régissent la conduite du journaliste vis-à-vis du public, de ses confrères ou de la société.

Si les professions journalistiques, et notamment les journalistes, dont l’exercice professionnel se fonde sur l’existence de codes de déontologie, l’incarnent mieux que quiconque, la déontologie s’impose aujourd’hui à l’ensemble du corps social, transcendant la diversité des problématiques professionnelles. En cela, elle constitue un enjeu majeur pour notre société. C’est pourquoi, le Conseil de l’Ordre des journaliste, acteur à part entière de la déontologie journalistique, a souhaité réunir des témoins et des experts de cet ancrage sociétal de la déontologie, afin que chacune des parties représentées apporte un éclairage particulier sur les implications que recouvre aujourd’hui la déontologie dans les exercices professionnels.

Ecrite et codifiée, la déontologie journalistique est aussi la plus aboutie. En effet, les codes de déontologie des professions journalistiques constituent des guides de bonnes pratiques, lesquelles s’imposent aux professionnels dans leur exercice quotidien. Obéissant aux principes du droit, ils sont également associés au fondement de certaines décisions juridiques.

Longtemps circonscrite au seul exercice journalistique, la déontologie est aujourd’hui une caractéristique de l’ensemble des professions. Elle édicte, au même titre que la déontologie journalistique, règles et normes qui régissent les exercices professionnels de chacune de ces professions.

Ce mouvement d’affirmation de la déontologie s’est poursuivi ces dernières années, s’imposant, peu à peu, à l’ensemble du public.. C’est en ce sens que la société française est aujourd’hui marquée par le développement d’un engagement éthique, répondant à une forte demande sociale. Pour preuve : l’apparition depuis quelques années des déontologes dans les sphères de décision des grandes entreprises ou encore celle des médiateurs dans les médias, radio, télévision, internet, presse écrite affirment désormais cette’éthique dans les exercices professionnels.

 

Sans prendre part à des querelles sémantiques, autorisées par la richesse et la complexité de la langue française, cette démarche éthique dans laquelle s’engage l’ensemble de la société française, quelles que soient les problématiques professionnelles, est sans aucun doute un premier pas dans l’affirmation de la déontologie au sein du public car maintenant le terme « déontologie » est un ensemble de règles qui régissent la conduite du journaliste vis-à-vis du public, de ses confrères ou de la société.

 

Aussi on peut considérer que le Code de déontologie est d’abord un guide de bonnes pratiques qui permet de montrer le droit chemin. Cette dernière a pour objectif de mettre au service de l’intérêt du public une bonne information telle que celle que promeut la charte unique nationale du conseil de l’Ordre des Journalistes.

On pourrait poursuivre cette énumération mais il est préférable de clore cette introduction en soulignant ses aspects positifs que toute diffusion permettra un meilleur respect de ces principes.

Ecrit par : G. Vialy et J. Bayard

 

 

 

Quatrième Pouvoir : les Médias ?

Il faut rapprocher son utilisation aux trois autres pouvoirs : le pouvoir Législatif (pouvoir de voter les lois) Exécutif (pouvoir de faire exécuter les lois) et pouvoir judiciaire (pouvoir de rendre et d'appliquer la Justice). C'est la séparation des pouvoirs, mise en évidence par Montesquieu et mise en pratique dans les régimes parlementaires. Les Médias auraient donc une influence assez importante pour être considérée comme l'un de ces pouvoirs associés à l'Etat. On notera également l'utilisation du terme cinquième pouvoir, censé être  à l'Opinion publique et fonctionnant donc de pair avec les Médias.

Les Médias seraient donc ceux qui dirigent et orientent l'Opinion Publique, elle-même garante des institutions et des valeurs de l'Etat, à travers le vote.

On peut constater cependant que les Médias ne sont pas les seuls garants, les seuls responsables de l'opinion des électeurs, leur pouvoir est celui de l'information, ils apportent des critiques, mettent en évidence certaines injustices.

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A travers les sondages et les enquêtes, les médias tentent de dresser des tendances de l'Opinion. 

Les opinions des citoyens sont incarnées dans les valeurs et les points de vue des différents partis. L'influence des Média est assez importante puisqu'ils commentent et orientent.

Mais les Médias ne sont pas des institutions, ils restent en général des organismes privés. Ils ne possèdent pas de pouvoir direct et concret par rapport à l'exécutif, le législatif et le judiciaire. Ils ne sont pas les garants de la constitution, de la république ou de la démocratie. Bien qu'ils soient plus ou moins indispensables dans le respect des libertés individuelles et collectives, de la liberté d'expression, d'opinion etc...

Les médias en tant qu'informateurs et non pas en tant qu’initiateurs, restent limités par leur diversité : il existe différents types de Médias, différents médias et non un seul organe au système unique qui concentrerait tout le pouvoir des médias. Les Médias représentent différents points de vue sur l'actualité et sur le monde, ils ne sont pas une autorité reconnue : ils sont un choix de vision.

Le quatrième pouvoir correspond à une vision particulière, en tant que point de vue et élément d'analyse. C’est une vision, d'ou la nécessité d'en débattre.

Les Médias complètent la liberté d'expression et la démocratie, bien que des dérives puissent exister.

Ecrit par : G. Vialy et J. Bayard