Les journalistes français et les réseaux sociaux

 

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Les réseaux sociaux se sont imposés dans le quotidien des français et sont devenus un outil professionnel incontournable pour les journalistes. Mais quel usage en font-ils ? Pensent-ils que les réseaux sociaux concurrencent les médias traditionnels? Quels sont les journalistes les plus actifs ? Ceux de la presse quotidienne ou de la TV ? Ceux qui traitent de sujets de société ou de High Tech ? Ceux qui ne travaillent que pour les médias online ? Sur quels réseaux sociaux peut-on les trouver …?

1 – les journalistes ont intégré les réseaux sociaux comme un outil professionnel incontournable

•    Plus de 91 % utilisent les réseaux sociaux pour leur travail

•    Près de 60% y consacre moins de 2h par jour alors que plus d’un quart (26,38 %) sont présents sur les réseaux sociaux entre 2 à 4h par jour, et 14,05 % plus de 4h.

•    Les journalistes travaillant uniquement pour des supports online sont plus consommateurs que ceux n’écrivant que pour l’offline : 25 % des premiers y consacrent plus de 4h par jour contre 12,5 % pour les seconds.

•    Il y a une grande disparité au niveau des usages sur les réseaux sociaux selon les sujets traités par les journalistes : par exemple ceux du domaine « marketing, e-commerce et high tech, télécom » sont environ 30 % à y passer plus de 4h/jour contre moins de 5% pour le secteur « économie, finances, entreprise »

•    Si on prend en compte la périodicité du média : les journalistes qui ont une fréquence d’information en temps réel ou quotidienne comme ceux de la presse, de la radio, la TV ont une utilisation moyenne par jour largement supérieure à ceux de leurs confrères de la presse hebdo, mensuelle …

•    Ils sont plus de 54 % à déclarer « je ne pourrais plus me passer des réseaux sociaux pour exercer mon métier de journaliste » et on atteint 77% pour les journalistes online purs.

•    70,26 % considèrent que les réseaux sociaux ont amélioré leur réactivité et 36,91 % leur productivité.

2 –Twitter, Facebook et Linkedin : le tiercé gagnant pour travailler

•    Sur une échelle classée de 1 à 6 : Twitter est le réseau considéré comme le plus important professionnellement : il arrive en tête avec un score de 4,9/6, suivi par Facebook (4,73/6), Linkedin (3,89/6) et loin derrière : Google+. A noter l’émergence des réseaux dits visuels comme Instagram et Pinterest (les journalistes du domaine de la mode, beauté, lifestyle sont plus consommateurs de ces réseaux que les journalistes d’autres secteurs même si Facebook reste leur « chouchou »)

3 –Les réseaux sociaux : outil de promotion et de veille mais aussi une concurrence aux médias traditionnels

•    Les réseaux sociaux sont devenus un moyen d’assurer une plus grande visibilité et viralité des articles rédigés par les journalistes : ils sont 64 % à se servir des réseaux sociaux pour promouvoir et partager leurs écrits (et 94 % si on ne prend en compte que les journalistes travaillant uniquement pour le online). Dans cette question ou plusieurs réponses étaient possibles, ils sont d’ailleurs près de 35 % (tous médias confondus) à être d’accord avec le fait que les réseaux sociaux leur permettent de développer leur « personnal branding ».

•    Leur présence est également largement motivée par la volonté de garder un lien avec leur communauté et de l’animer (à plus de 47 %). On dépasse les 80 % pour les journalistes online purs. Néanmoins ils partagent et commentent volontiers d’autres articles trouvés sur la toile (près de 50%)

•    La veille sur leurs sujets de prédilection est le deuxième usage le plus prisé (55,4 %)

•    44% des journalistes pensent que les réseaux sociaux concurrencent les médias traditionnels : est-ce parce qu’ils permettent  à chacun de prendre la parole, de partager une actualité en prenant une photo avec son smartphone ? Ce qui est sûr c’est que les réseaux sociaux sont vus par tous comme de nouveaux  canaux d’informations.

4 – Journalistes et RP : une communication qui commence à émerger via les réseaux sociaux mais attention à la façon de contacter les journalistes

•    Les réseaux sociaux commencent à être utilisés par les journalistes et les communicants pour échanger entre eux : plus de 17% les considèrent comme l’une des méthodes à privilégier avec l’email, devant le téléphone et le face à face. Ils sont même près de 22% à déclarer prêter plus d’attention aux sollicitations envoyées via les réseaux sociaux que via les mails… Par ailleurs, 44 % des journalistes s’en servent pour rentrer en contact avec des interlocuteurs capables de leur apporter des témoignages et expertises, on dépasse même les 80% pour les purs online.

•    Les communicants doivent cependant être très attentifs dans leur façon d’interpeller un journaliste sur les réseaux sociaux et surtout ne pas le faire en mode « public » : ils sont contre cette pratique à plus de 84,4 % sur Facebook et près de 62 % sur Twitter. Les messages privés sont nettement mieux perçus : de 42% des journalistes sur Twitter et Linkedin et 36,5% sur Facebook déclarent apprécier cette nouvelle façon de communiquer.

5 – Des usages différents sur les réseaux sociaux

•    Comme on l’a constaté précédemment, Twitter est le réseau référent dans un cadre professionnel. Cependant si 71,64 % des journalistes possèdent un compte Twitter, ils sont légèrement plus nombreux sur Linkedin (72,73%) et Facebook caracole en tête avec 80,1%. Ceci n’est pas contradictoire puisqu’on constate que :

·         A la question « avec qui êtes-vous amis sur Facebook, la famille et les amis arrivent largement en tête avec un score de 8,78 sur 10. Viennent ensuite les confrères journalistes (6,55/10).  Facebook est donc principalement utilisé dans un cadre privé.

·         Sur Linkedin la majorité des relations établies le sont avec des entreprises : porte paroles, experts et responsables de communication. On est dans une utilisation très professionnelle autant pour leur travail qu’à titre personnel.

•    Les journalistes online purs sont plus nombreux sur Twitter (92% contre 54% d’offline). Twitter est un excellent outil pour savoir ce qu’il se passe en temps réel et un journaliste online peut rédiger un billet sur un « sujet chaud » et le publier instantanément.

A l’heure où les modes de communication ont évolué, les journalistes ont pris le virage des nouveaux outils et utilisent largement les réseaux sociaux dans un cadre professionnel, principalement Twitter, Linkedin et Facebook. Néanmoins il y a beaucoup de disparités dans cette présence sur les réseaux sociaux selon la périodicité du support, son type : online / offline, le sujet traité, et son audience : grand public / professionnelle…

C’est au communicant de savoir s’adapter et de définir la meilleure stratégie RP en connaissant bien les médias et les journalistes : les réseaux sociaux sont un des moyens d’entrer en relation avec eux mais l’étude fait ressortir que l’email, le téléphone et la rencontre In Real Life reste, dans cet ordre,  les 3 méthodes préférées des journaliste pour être contactés.

 

 Ecrit par : G. Vialy et J. Bayard 

 

La grâce présidentielle, un privilège régalien «rarement appliqué»

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Depuis 2008, les grâces collectives n'ont plus cours. Seules les mesures à titre individuel sont examinées mais peu sont accordées, d'après les spécialistes.

Le président François Hollande recevra la famille de Jacqueline Sauvage ce vendredi. En décembre dernier, cette femme âgée de 66 ans a été condamnée en appel à 10 ans de prison pour avoir tué son mari violent. Tour à tour, associations, artistes, parlementaires et citoyens anonymes se sont mobilisés pour demander la grâce présidentielle. A quelques jours de Noël, les filles de Jacqueline Sauvage en ont fait de même. Retour sur cette prérogative qui donne le pouvoir au président de réduire, voire de supprimer une peine.

• Pourquoi demander une grâce présidentielle ?

C'est le recours de la dernière chance. La grâce présidentielle est demandée lorsque tous les recours judiciaires ont été épuisés. Elle permet la réduction d'une peine, voire sa suppression. En revanche, contrairement à l'amnistie, qui est une sorte de «droit à l'oubli», la grâce ne fait pas disparaître la condamnation du casier judiciaire. Par ailleurs, les droits des victimes restent inchangés.

• Quelles sont les conditions à remplir ?

«Il n'y a pas de critères particuliers à remplir», explique Céline Parisot, secrétaire générale de l'Union syndicale des magistrats (USM). «Quelle que soit la peine, un condamné peut en faire la demande.» En revanche, la peine doit être exécutoire et définitive. Ainsi, les personnes qui sont sous mandat de dépôt, en appel ou en cassation ne peuvent pas bénéficier d'une grâce. Il peut s'agir d'une peine d'emprisonnement, patrimoniale (amende) ou particulière (travail d'intérêt général). En aucun cas, la grâce présidentielle ne peut concerner le retrait total ou partiel de points du permis de conduire puisqu'il s'agit d'une sanction administrative et non d'une peine, rappelle le site Service Public.

• Comment ça marche ?

Le recours en grâce doit être adressé au président de la République, seul à pouvoir l'accorder. Cette prérogative est d'ailleurs inscrite à l'article 17 de la Constitution française de 1958: «Le président de la République a le droit de faire grâce à titre individuel.» La demande peut être formulée par le condamné lui-même, son avocat, ses proches, une association ou encore par le Parquet. Ensuite, le recours est transmis à la direction des affaires criminelles et des grâces (DACG) du ministère de la Justice qui instruit le dossier en exposant les arguments pour et contre la remise de grâce. Puis un projet de décret est envoyé à la présidence de la République, qui peut ne pas y donner suite. Ce droit n'est soumis à aucun délai de réponse et le chef de l'Etat n'a pas à motiver sa décision. Si la grâce est accordée, le décret, contresigné par le premier ministre et le garde des Sceaux, ne paraît pas au Journal officiel mais est notifié directement aux condamnés.

• D'où vient la grâce présidentielle ?

Il s'agit d'une tradition ancienne, héritée de la monarchie. À l'origine individuelle, la grâce est devenue collective dans le courant des années 1980, sous la présidence de François Mitterrand. Dès 1991, le président octroyait systématiquement des remises de peine collective, à l'occasion du 14 juillet. Durant toutes ces années, ce type de grâce a concerné en moyenne 3000 à 4000 détenus par an. «Cette politique pénitentiaire visait à vider les prisons», commente Pascal Jan, professeur de droit constitutionnel à Sciences Po Bordeaux. Etaient exclues certaines infractions comme le terrorisme, les crimes contre l'humanité, contre les mineurs, les délits financiers ou les actes de racisme, rappelait le Sénat en 2007. Les années passant, cette liste s'est allongée jusqu'à ce que Nicolas Sarkozy y mette un terme. Depuis la réforme constitutionnelle de 2008, la grâce est désormais individuelle. Les dernières grâces collectives remontent à la présidence de Jacques Chirac.

• Est-elle souvent accordée ?

La grâce individuelle reste aujourd'hui «une mesure très rare», précise Pascal Jan. Sous Nicolas Sarkozy, aucun détenu n'a été gracié durant les deux premières années de son mandat. En 2009, l'ancien de chef de l'Etat a toutefois accordé des remises de peine à une trentaine de détenus, particulièrement méritants. Parmi eux, figurait l'ancien préfet Jean-Charles Marchiani. Sous François Hollande, Philippe El Shennawy, condamné pour plusieurs braquages et évasions, a bénéficié en 2014 d'une grâce présidentielle partielle. «Mais il est possible qu'il y en ait eu d'autres», estime Céline Parisot de l'Union syndicale des magistrats. «Toutes les grâces présidentielles ne sont pas forcément médiatisées.»

• Qui en a bénéficié ?

Parmi les personnes graciées à titre individuel, on retiendra le cas de Paul Touvier, ancien chef de la milice lyonnaise sous l'occupation. Après la Seconde Guerre mondiale, il avait été condamné à mort. Fugitif, il avait été gracié en 1971 par Georges Pompidou. Une décision qui avait fait polémique à l'époque. Sa très longue cavale s'achèvera en 1989. Il sera condamné pour crime contre l'humanité en 1994. La même année, Omar Raddad est condamné à 18 ans de prison pour le meurtre de Ghislaine Marchal, qui l'employait en tant que jardinier. Le président Jacques Chirac lui accordera une grâce partielle qui lui permettra de sortir de prison en 1998.

Un autre cas datant de 1996 fait aujourd'hui écho à l'affaire Jacqueline Sauvage. Véronique Akobé, employée de maison ivoirienne, avait été condamnée, en 1990, à 20 ans de prison parce qu'elle avait grièvement blessé son patron et tué le fils de celui-ci. Aux enquêteurs et devant la cour d'assises, elle avait longuement raconté les sévices sexuels que lui avaient fait subir, selon elle, les deux hommes. En 1995, une campagne de mobilisation s'est mise en marche pour réclamer sa grâce. Accordée par Jacques Chirac un an plus tard.

• Jacqueline Sauvage peut-elle être graciée par François Hollande ?

Le juriste Pascal Jan voit mal le président François Hollande gracier Jacqueline Sauvage. «Même s'il peut y avoir un intérêt politique à le faire, des jurés se sont prononcés, à deux reprises, en faveur de sa condamnation», rappelle-t-il.

• Quel avenir pour la grâce présidentielle ?

«Il y a une volonté de rompre avec une pratique très ancienne et relevant du fait du prince», explique Pascal Jan, professeur de droit constitutionnel. «Il y a plus un respect des procédures et des décisions qui sont rendues par la justice. Ce qui est plutôt sain, selon moi.» Peu utilisée, la grâce présidentielle devrait-elle disparaître de la Constitution? «Non», répond encore Pascal Jan. «Je pense qu'il faut pouvoir laisser cette possibilité au président. On n'est pas à l'abri d'un cas extrême, comme une énorme erreur judiciaire».

 

Ecrit par : G. Vialy et J. Bayard 

3 Mai : La liberté de la presse !

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Comme le stipule l'article 19 de la Déclaration universelle des droits de l'homme, la liberté d'expression est un droit humain fondamental.

Pour devenir une réalité, la liberté d'expression a besoin d'un environnement juridique et réglementaire propice à l'essor d'un secteur des médias pluraliste et ouvert. Ce secteur doit être soutenu par le pouvoir politique et protégé par un État de droit. Il faut que la loi garantisse l'accès à l'information, notamment dans le domaine public. Enfin, les consommateurs de l'information doivent disposer des compétences nécessaires pour analyser de manière critique l'information qu'ils reçoivent et en faire la synthèse afin de s'en servir dans leur vie quotidienne et de responsabiliser les médias.

Tous ces éléments, sans oublier le respect par les professionnels des médias des normes éthiques et professionnelles les plus élevées définies par des praticiens, forment l'infrastructure fondamentale dont la liberté d'expression a besoin pour exister. Dans un tel contexte, les médias ont un rôle de gardien, la société civile établit des relations avec les autorités et les décideurs, l'information circule dans les communautés et entre les communautés.

C'est l'information qui alimente cette locomotive. L'accès à l'information est par conséquent crucial. Les lois sur la liberté de l'information, qui autorisent l'accès à l'information publique, sont essentielles, mais les moyens d'accès à l'information, que ce soit les TIC ou simplement le partage de documents, le sont tout autant.

C'est peut-être quand ils servent tout simplement de miroir à la société que les médias pluralistes et ouverts sont le plus indispensables. Pouvoir se voir tel que l'on est permet de définir les objectifs de la communauté, de redresser la barre quand la société ou ses dirigeants ont rompu leurs liens ou se sont fourvoyés. Ce rôle incombe toujours davantage au secteur des petits médias communautaires. En effet, les médias privés sont soumis à des impératifs financiers qui leur font oublier ces principes fondamentaux et les poussent à rechercher des créneaux rentables sans se soucier des besoins des populations minoritaires ou marginalisées.

Garantir la liberté des médias dans le monde entier est une priorité. Des médias indépendants, libres et pluralistes sont le pivot de la bonne gouvernance dans les jeunes démocraties comme dans les plus anciennes. Des médias libres sont des garants de la transparence, la responsabilisation et l'État de droit. Ils favorisent la participation au débat public et politique, ils contribuent à lutter contre la pauvreté. Un secteur des médias indépendant tire son pouvoir de la communauté qu'il sert et confère en retour à cette même communauté le pouvoir d'être un partenaire à part entière dans le processus démocratique.

 

La liberté de l'information et la liberté d'expression sont les principes fondateurs d'un débat ouvert et informé. Les nouvelles technologies vont continuer à évoluer et permettre aux citoyens de participer à la construction de leur environnement médiatique et d'accéder à une pluralité de sources.

En démocratie, la liberté de s’exprimer est sacrée

Voici le texte de deux articles de la déclaration universelle des droits de l’homme, adoptée le 10 décembre 1948, qu’il est bon de rappeler. 

Article 18

Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction seule ou en commun, tant en public qu'en privé, par l'enseignement, les pratiques, le culte et l'accomplissement des rites. 

Article 19

Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit. 

J’irai même plus loin, nous devrions remercier ces personnalités politiques qui, pour des motifs différents, osent exprimer leurs opinions, leurs expériences, leurs ressentis ne serait ce que pour une seule raison : c’est que ces femmes et hommes politiques font vivre la démocratie en France.

Ecrit par : G. Vialy et J. Bayard

 

 

Médias, un rôle démocratique à assumer

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VIVE LA POLITIQUE - Les Français portent un regard critique sur la façon dont les journalistes rendent compte de la politique, préférant une théâtralisation du jeu du pouvoir aux idées. Ils attendent des médias qu’ils assument leur rôle démocratique.

A un an de la présidentielle, nombre de médias réfléchissent à la manière dont ils couvriront ce rendez-vous majeur de la Ve République, conscients que le mode de traitement des événements et les débats conventionnels ne répondent plus aux aspirations des citoyens.

L’émission qui remplacera « Des paroles et des actes » sur France 2 donnera ainsi davantage la parole aux Français, comme le fait déjà depuis janvier Caroline Roux dans « C politique » sur France 5. Des citoyens pourront également interroger l’invité de la nouvelle émission politique de TF1 le dimanche à 19 heures, à l’ancienne heure du mythique « 7 sur 7 » d’Anne ­Sinclair.

Prime donnée au divertissement

« Si les grands rendez-vous politiques sont devenus rares et réservés aux personnalités de premier plan, la politique n’a jamais été aussi présente à la télévision, à travers les chaînes d’info et les émissions de divertissement, constate le politologue Pierre Leroux, coauteur de La Politique sur un plateau (1).

Depuis 2006, les émissions de divertissement sont devenues des lieux fréquentables pour les hommes politiques, dit-il encore. Ils ont compris qu’elles pouvaient leur servir et se sont formés à cet exercice. Mais les questions posées restent celles qui préoccupent les petits milieux de la politique. Comme ailleurs, on leur demande s’ils vont être candidats, et non pour y faire quoi. D’une façon générale, les médias s’intéressent à la politique lorsqu’elle est incarnée et qu’il y a une stratégie de conquête du pouvoir. »

La vie réelle réarrangée

Le sénateur des Hauts-de-Seine André Gattolin, ancien journaliste à Actuel et Libération, qui enseigne les sciences de l’information à l’université Sorbonne nouvelle-Paris 3, en fait l’amère expérience depuis son élection en 2011 : « Comme je suis membre d’Europe Écologie-Les Verts, les journalistes m’interrogent systématiquement sur les querelles de personnes au sein du parti. Ils vous octroient une crédibilité médiatique si vous êtes capables de réagir aux jeux du pouvoir. Dès que vous vous exprimez sur des sujets concernant la vie des citoyens, vous n’intéressez plus. »

En revanche, il s’est étonné de ne pas avoir été invité à un débat radiophonique qui avait pour sujet sa proposition de loi d’interdire la publicité dans les programmes de jeunesse. « On a préféré choisir des personnalités symboliques qui s’affrontent et créent des interactions. Les médias aiment construire un petit théâtre de la vie réelle. »

Un jeu de miroir

« La couverture de l’actualité politique est très axée sur la polémique et le clivage », acquiesce Marie-ève Malouines, ancienne journaliste politique à Radio France, aujourd’hui présidente de la chaîne parlementaire LCP-Assemblée nationale, un média donnant du temps aux débats d’idées et dont l’audience est en hausse.

Pour elle, il s’agit moins de connivences que d’« un jeu de miroirs ». « Les hommes politiques aiment s’admirer dans le regard des journalistes. Et réciproquement. La presse politique a évolué vers un fonctionnement égotique et dangereux, juge-t-elle. Moi aussi, je me suis sentie parfaitement à l’aise dans ce système. Il faut s’en extraire pour prendre conscience de ses méfaits. C’est un cercle qui happe les gens. »

« Le mode de traitement très institutionnel, centré sur les luttes d’appareil, les petites phrases et des calendriers calés sur l’agenda politique, ne fait sens que pour ceux que cela passionne, renchérit Erik Neveu, sociologue et politologue à l’université de Rennes. Cela donne le sentiment que les journalistes s’adressent davantage à leurs sources qu’aux citoyens, d’où l’idée d’un théâtre de l’ombre », qui jette l’opprobre sur le système démocratique dans son ensemble. Encore cette année, 64 % des personnes interrogées dans le baromètre de confiance dans les médias TNS Sofres-La Croix jugent (contre 58 % en 2015) que les journalistes ne sont pas indépendants des partis politiques et du pouvoir.

Des systèmes entremêlés

Comment en est-on arrivé là ? « Les journalistes politiques ont intégré une logique de travail consistant à s’approcher du pouvoir pour obtenir des informations confidentielles, ce qui les rend peu à peu prisonniers des schémas de pensée de ceux qu’ils fréquentent, analyse Pierre Leroux. Et les stratégies de communication politique visent non pas les citoyens mais les journalistes : le poids du détenteur de pouvoir sera d’autant plus important dans la décision politique qu’il est médiatisé. »

Ces jeux d’influence entre systèmes médiatique et politique n’empêchent pas l’éthique et la réflexion. « Chacun a sa part de responsabilité, assure André Gattolin. Les politiques se sont décrédibilisés, en se pliant au jeu des petites phrases et des postures. Quant aux médias, ils sont entrés dans une logique d’immédiateté, qui a conduit à une hypertrophie du présent et un effacement du passé, de la mise en perspective. L’erreur de la politique est de l’avoir accepté. L’idée de la réactivité permanente est destructrice de sens. Cela va à l’encontre du rôle du politique, qui devrait être de construire un horizon, de trouver des solutions. La loi étant un temps long, beaucoup trop long pour les médias, ils se rabattent sur la théâtralité de sa production. Il nous appartient de redonner une vision du politique, un sens du bien commun. »

Réinvestir le débat public

Face au désenchantement politique et à la montée de l’extrême droite, des médias font leur examen de conscience. « Nous nous efforçons, sur LCP, de toujours privilégier le contenu sur la forme, le spectaculaire, souligne Marie-ève Malouines. Nous devons aussi collectivement prendre en compte un mouvement riche et hétérogène comme Nuit debout, qui révèle une attente de débats et de participation à la vie politique. »

Stéphane Paoli, producteur de l’émission « Agora »sur France Inter, qui confronte chaque dimanche midi une personnalité politique avec des acteurs de la société civile, en est lui aussi convaincu. « Nuit debout traduit un besoin absolu d’expression et d’horizontalité dans la décision. Une forme d’émission comme “Agora” montre qu’en prenant le temps et en encourageant l’argumentation on change le contenu et la façon dont les personnalités politiques s’expriment. »

Le philosophe Pierre-Olivier Monteil montre la même direction (lire La Croix du 3 février 2016), lorsqu’il invite les médias « à redonner aux Français le sentiment de participer au débat public », des médias, dont la raison d’être est elle aussi de « contribuer au bien commun ».

Deux conceptions de la liberté d’expression

La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, inspirée du contrat social de Jean-Jacques Rousseau, dispose dans son article 11 que « la libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme ». Cette liberté peut être limitée s’il en est fait « abus », « dans les cas déterminés par la loi ».

À la même époque, le premier amendement de la Constitution américaine de 1791 stipule que « le Congrès ne fera aucune loi restreignant la liberté de parole ou de presse ». Dans la conception anglo-saxonne, inspirée par Thomas Hobbes, John Milton et John Locke, la liberté individuelle se construit contre un pouvoir potentiellement despotique. Et la liberté d’expression en est le premier rempart.

Ecrit par : G. Vialy et J. Bayard

 

Nos médias et nos valeurs

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Les Éditions de l’Avenir, un groupe multimédias, carrefour incontournable inter(ré)actif de création et de partage de contenus de Proximité pertinents, impertinents et fun.

Nos médias sont très attentifs à la vie de leur région tout en étant ouverts sur le monde et ses évolutions. Curieux d'ici et d'ailleurs, ils aiment aussi rendre service : c'est leur côté pratique. Pour eux, étonner est un plaisir indispensable. Notre équipe de journalistes vit très près de ses lecteurs et de ses internautes. Elle veut leur fournir, à tout moment et où qu'ils soient, une information honnête et de très grande proximité tout en gardant un esprit critique et en étant réceptive et attentive au changement. Cette rigueur et cette indépendance sont les véritables marques de fabrique de notre savoir-faire et notre assurance qualité.

Nos valeurs clés « entreprise » :                             

La volonté d’apprendre                                                 

·  La passion du métier                                                    

·  La solidarité                                                                 

·  La créativité                                                                   

Nos valeurs clés « métier » : 

· L’éthique et le respect

 · La proximité

· La rigueur et l’honnêteté

 

Rédacteur Web, un métier polyvalent à part entière

Rédacteur Web, ce n’est pas qu’écrire sur le Web. Retour sur une profession polyvalente qui ne cesse de se diversifier et d’évoluer depuis quelques années.

Un métier à part entière

Un bon rédacteur Web se doit d’être avant tout créatif et original. Curiosité, ouverture d’esprit et culture générale sont des qualités indispensables pour exercer cette profession rigoureuse, mais accessible à tous.

Il va sans dire qu’une maîtrise convenable de la langue écrite (grammaire, orthographe, vocabulaire et syntaxe) sont des compétences primordiales dans l’exercice du métier. La rédaction Web est à la fois précise, simple et concise.

Différents créneaux

Dans le milieu de l’écriture Web, on peut distinguer trois fonctions distinctes, mais reliées entre elles:

  • Le copiste ou écrivain concentre son travail sur la rédaction des contenus.
  • Le référenceur (le Search Engine Optimizer) optimise la visibilité et le positionnement d’un site Web sur les moteurs de recherche.

  • Le concepteur-rédacteur réfléchit et pense toute l’ergonomie d’un site sur internet. Tel un éditeur, il conçoit la structure jusqu’à la mise en ligne.

Vous vous en doutez, les meilleurs rédacteurs Web (high level) maîtrisent ces trois compétences.

Les objectifs d’un journaliste et d’un rédacteur Web sont différents: les journalistes informent et les rédacteurs Web communiquent.

A la croisée du journalisme et de la publicité

Qu’est-ce qui différencie un journaliste Web d’un rédacteur Web? A l’origine, le journaliste rédige des contenus souvent destinés au format papier tandis que le rédacteur Web écrit sur des blogs et d’autres contenus digitaux. Un détail qui peut sembler mineur, mais qui fait toute la différence. Ces dernières années, les journalistes se sont adaptés aux exigences et aux contraintes de l’écriture Web tout en conservant les préceptes de la profession.

La déontologie du journalisme requiert un devoir de neutralité, d’objectivité et de réserve. La rédaction Web répond à une demande; elle offre des contenus, des services et des produits. Les objectifs d’un journaliste et d’un rédacteur Web sont donc différents: les journalistes informent et les rédacteurs Web communiquent.

Le journaliste comme le rédacteur Web restent en permanence au courant des dernières infos. Leurs méthodes de travail (analyse, synthèse, recoupements et vérification) sont assez similaires. Et quoiqu’on en dise, l’un comme l’autre sont animés par l’écriture et l’envie de partager leur fine plume avec les lecteurs.


Les étapes de rédaction

Mais revenons-en au métier du rédacteur Web. Concrètement, le travail s’organise en 4 étapes. 

  1. Le repérage et la recherche des infos: c’est la collecte de données dans la presse, les dépêches, les interviews.
  2. La vérification: avant validation, les infos recueillies sont comparées, recoupées et agrémentées d’autres sources de documentation.
  3. L’analyse: dans cette phase, le rédacteur réfléchit à la pertinence des infos collectées pour les synthétiser (en texte ou en vidéo) et les organiser (par thème ou par date).
  4. La rédaction des contenus: je vous renvoie directement ici aux articles sur la pyramide inversée et les gabarits éditoriaux qui explicitent cette étape.
  5. Le suivi et la mise à jour régulière: les articles sont régulièrement actualisés selon les innovations et les réactions des internautes.

Ecrit par : G. Vialy et J. Bayard