Vœux 2025 du Conseil de l'ordre des Journalistes France

Mesdames et Messieurs,

Je suis ravie de vous accueillir ce soir, « Vivre en bonne société, collégialement, moralement et studieusement ». J’ai plaisir de vous présenter au nom du Conseil de l’Ordre des Journalistes France, nos meilleurs vœux pour l’année 2025.

Je veux justement commencer par remercier chacune et chacun des membres du (COJF) Conseil de l’Ordre des Journalistes France, pour la qualité de nos relations et de nos débats.

Cette année, j’ai un mot de remerciement tout particulier à Gabriel VIALY. Votre participation très active à nos travaux, votre engagement à représenter (COJF) dans les manifestations extérieures, à l’international, votre expertise d’élue, ont fortement contribué et enrichi nos prises de décisions. Je profite de cette cérémonie devant tous nos partenaires réunis ce soir, pour vous remercier sincèrement.

Le COJF vous souhaite à vous et vos proches une très belle année 2025, une année de combat, mais aussi de tolérance et de fraternité, il y en aura besoin dans le contexte électoral incertain qui s'annonce. L’actualité de la profession, la liberté d'informer, sans cesse menacée, doit être défendue avec force

"La France est attachée profondément à la liberté de la presse, et donc à l’indépendance des médias, dans un monde."

Plus que jamais, notre COJF, qui célébrera en 2025 ses 15 ans d'existence, est mobilisé pour promouvoir l'indépendance des médias, le pluralisme des opinions, et une charte d'éthique commune à toute la profession, afin de garantir le droit du public à une information de qualité, complète, et libérée de tous les pouvoirs.

Je remercie l’entourage des collaborateurs les plus proches, celles d’abord qui sont demeurées auprès de moi et auxquelles j’exprime une particulière reconnaissance, celles et ceux qui sont arrivés, les autres aussi qui ont fait le choix personnel de se tourner vers d’autres activités.

Vous pouvez en être sûrs, je vous écoute, je vous comprends, je vous respecte, professionnels de grande qualité dans votre diversité qui faites face à tant de difficultés mais parvenez aussi à tant de réussites, journalistes dont la liberté d’appréciation est si précieuse.

Développement de la presse en ligne, la consommation d’information par le biais des réseaux sociaux, la baisse des recettes publicitaires, la prolifération des fausses informations, le développement de l’intelligence artificielle générative, parallèlement à la hausse du prix du papier, des coûts de l’énergie, et du taux d’inflation, fragilisent chaque acteur de la filière : marchands de journaux, dépositaires, distributeurs de presse, et éditeurs. (COJF), par ses actions de régulation, une attention particulière pour l’attractivité du métier de marchands de journaux.

Concernant le secteur postal, l’année 2024 a été l’année de mise en œuvre de la nouvelle gamme courrier de La Poste, centrée sur la livraison à J+3 conjointement à une révision des tarifs avec des hausses plus importantes que les autres années. Le contexte de la baisse du volume du courrier distribué, d’environ 8% chaque année, depuis des années, peut justifier ces profondes modifications dans l’offre du service universel proposé aux Français. Le respect des engagements de qualité de service, que ce soit pour le courrier ou pour le transport de la presse postée.

Pour la distribution de la presse comme pour le service universel du courrier, l’Autorité  à cœur d’accompagner ces secteurs en décroissance en veillant à garantir les droits et la satisfaction des utilisateurs.

Dans le secteur des télécommunications, je veux aussi croire à un changement d’époque :

Le changement d’époque, c’est aussi la prise de conscience collective sur l’impact environnemental du numérique : si rien n’est fait, la tendance apparait insoutenable à l’horizon 2050.

En matière de numérique enfin, nous assistons à un changement d’époque : On passe de l’ère de l’autorégulation des grandes plateformes à celle de la régulation. Et c’est une bonne chose.

Vous pourrez compter sur nous, en 2025 et pour les années à venir

En conclusion, je souhaite vous remercier de votre présence nombreuse, ce soir, qui nous réjouit, et qui montre la place singulière qu’occupe (COJF).

Je vous remercie aussi pour votre participation à nos travaux tout au long de l’année.

Mesdames, messieurs, chers amis, il me reste à vous souhaiter une excellente année 2025 !

Qu’elle vous apporte beaucoup de satisfactions à titre personnel, familial et professionnel.

Je vous remercie.

Ecrit par : J. Bayard

 

 

Municipales 2026 : la crainte d’un manque de candidats

 

Certains maires ont démissionné, d’autres ne veulent pas se représenter et certaines communes peinent à trouver des candidats. Plus que jamais il est urgent de définir enfin un vrai statut de l’élu.

En annonçant hier qu’elle ne briguerait pas un troisième mandat de maire de Paris après des mois à entretenir à dessein le suspense, Anne Hidalgo a comme lancé la bataille des municipales de 2026. Des élections cruciales dans la vie des Français, mais qui passaient sous les radars de l’agenda médiatique, quasi-exclusivement consacré à la politique nationale depuis les européennes et les législatives anticipées qui ont abouti à l’inextricable situation politique que l’on connaît. Donner un coup de projecteur sur ce scrutin – le premier inscrit au calendrier, sauf si une nouvelle dissolution intervenait l’été prochain – est important car ces élections revêtent au moins trois grands enjeux.

Enjeu démocratique d’abord. La pandémie de Covid-19 avait conduit, lors des élections municipales de 2020, à espacer les deux tours de plus de trois mois, ce qui a bouleversé les taux de participation mais aussi le jeu des alliances d’entre-deux tours, les reports de voix et même les priorités affichées par les candidats, voire les attentes des électeurs. Avec le scrutin de mars 2026, on retourne à la normale avec une campagne électorale classique en un temps limité.

Dans un contexte de défiance des citoyens face aux hommes et femmes politiques, le maire reste l’élu préféré des Français, parce que ses décisions impactent directement leur quotidien et leur environnement. Parce que les conseillers municipaux que l’on côtoie dans sa ville sont aussi « à portée d’engueulade », peut-être trop parfois. Les incivilités, voire les violences contre les élus, se sont multipliées ces dernières années de façon insupportable. Une pression qui s’ajoute aux sollicitations incessantes des administrés. À cela s’adjoint le sentiment chez certains maires de ne plus avoir les moyens financiers de leurs missions ou de voir leurs marges de manœuvre diminuer face aux intercommunalités. Pas étonnant dès lors que certains maires aient envisagé la démission voire sont passés à l’acte. On n’en est pas encore à une crise des vocations ou à une vague de démissions, mais en 2020, 106 villes et villages n’avaient aucun candidat déclaré et beaucoup de maires avaient refusé de rempiler. Si l’on veut faire perdurer l’envie de s’engager au service de sa commune, il y a urgence à enfin définir un vrai statut de l’élu. Michel Barnier l’a promis pour début 2025. Il est temps.

Enjeu politique ensuite. Si les élections municipales vont se traduire par des scrutins dans les 34 935 communes de France, et que nombre de candidats à la mairie se présentent sans étiquettes partisanes, elles n’en recouvrent pas moins une lecture nationale pour les villes et les grandes métropoles. Car contrairement à ce que certains veulent faire croire, le poids des formations politiques ne saurait se mesurer uniquement au score du premier tour de l’élection présidentielle ou à celui des élections européennes. Quelles alliances locales vont se faire, à gauche, à droite, au sein du bloc central ? Les écologistes qui avaient conquis plusieurs villes pourront-ils les conserver ? Le RN peut-il en conquérir d’autres et LFI faire une percée ? Les municipales sont d’autant plus importantes qu’elles fournissent le gros du corps électoral pour les élections sénatoriales.

 

Enjeux sociétaux enfin. En France comme à l’étranger, on voit que l’échelon local est celui des solutions. Il gagne en pertinence pour relever les grands défis de notre temps et préparer la société de demain, notamment pour la transition écologique, les transports, la santé… Autant de raisons qui vont faire des municipales de 2026 un grand rendez-vous pour le pays.

Ecrit par : J. Bayard

 

 

 

 

 

 

Les Super-héros du Journalisme : Ces Rédacteurs qui ont Changé le Monde

 

Qui sont ces journalistes qui, par leurs écrits, ont marqué l’histoire et contribué à changer le monde ? Remontant dans les coulisses des salles de rédaction, nous avons choisi de mettre en lumière quelques-uns de ces héros du journalisme. Leur parcours, impact et enseignements fournissent une inspiration incomparable pour les rédacteurs d’aujourd’hui et de demain.

Profils et Parcours des Journalistes marquants de l’Histoire

Dans cette section, nous allons découvrir la vie et le travail de certains des plus grands journalistes de l’histoire. Edward R. Murrow, grand reporter américain, est souvent cité comme référence. Ses reportages sur la Seconde Guerre mondiale, diffusés à la radio, ont apporté la réalité du conflit aux États-Unis. Aussi, son combat audacieux contre le sénateur McCarthy est une leçon de courage journalistique.

De son côté, la britannique Clare Hollingworth, première correspondante de guerre, reste dans les annales pour avoir révélé l’invasion de la Pologne par l’Allemagne nazie en 1939. Chacun de ces profils offre une approche unique du métier, liée à leur contexte, leur personnalité et leurs convictions profondes.

Leur Impact sur l’évolution de la Presse et de la Société

Chacun de ces journalistes a laissé une empreinte indélébile dans le domaine du journalisme. Par exemple, le travail d’investigation rigoureux de Bob Woodward et Carl Bernstein sur le scandale du Watergate a contribué à renforcer l’importance de la presse libre dans une démocratie. Par la suite, cette affaire a créé un précédent pour le journalisme d’investigation dans le monde entier, réaffirmant son rôle de contre-pouvoir essentiel.

Quant à Nellie Bly, cette journaliste américaine et pionnière du journalisme d’immersion, elle a influencé la façon dont les reportages et enquêtes sont menés aujourd’hui. Son reportage audacieux sur les conditions de vie dans un asile psychiatrique a poussé à des réformes majeures dans les soins de santé mentale aux États-Unis. Elle a ainsi prouvé l’impact social direct que le journalisme peut avoir.

Leurs Enseignements pour les Générations Futures

Les travaux de ces journalistes offrent des enseignements précieux à la nouvelle génération. Leurs récits rappellent l’importance de la curiosité, du courage et de l’intégrité journalistique. Ils rappellent aussi que le journalisme est une vocation dédiée à la vérité, à la justice sociale et à la liberté d’expression.

En tant que rédacteurs d’aujourd’hui, nous aspirons à suivre leurs traces, à connaitre l’humilité, l’éthique, et l’engagement nécessaire lorsqu’il s’agit de tenir la plume. Car, en définitive, ces héros du journalisme ont façonné le métier, non seulement par leurs mots, mais surtout par leurs actions.

Pour finir, notons que ces exemples historiques ne sont pas seulement des figures du passé. Aujourd’hui encore, des journalistes continuent à braver les dangers, à exposer la vérité et à éclairer le public. Cette mission, bien que délicate, reste essentielle pour une société éclairée et libre.

Ecrit par : J. Bayard

La consommation des médias chez les jeunes en 2024 : toujours plus hybride

 

Face une consommation de l’information plus mobile, sociale et vidéo de la part des jeunes générations, les médias traditionnels sont eux-même amenés à s’adapter. Découvrez notre analyse sur l’évolution du rapport des jeunes à l’information.

C’est un sujet récurrent, voire un peu tarte à la crème. Et en même temps, il est structurant, tant il promet de redessiner le paysage médiatique (les jeunes d’aujourd’hui sont les moins jeunes de demain !). À l’occasion d’un nouveau passage d’année, on a voulu faire le point sur la manière dont les jeunes accèdent et consomment l’information.

Tout d’abord, de qui parle-t-on ? Que définit-on comme « un jeune » ? Les uns parlent de « génération Z », pour qualifier celles et ceux qui sont nés entre 1997 et 2010. Pour d’autres, il est même pertinent d’analyser les choses au prisme des « digital native », ces individus nés à l’ère du numérique, notion qui englobe encore plus large en incluant la population née entre 1980 et 2000.

Les usages concernant la façon d’accéder à l’information ont, bien évidemment évolué dans l’ensemble des tranches d’âge ces dernières années. Mais la différence est particulièrement marquée dans la génération Z. Un usage que l’on pourrait résumer en un chiffre, issu de  l’édition 2023 de l’étude médiamétrie « Les français et internet» (pour laquelle nous avions déjà réalisé une synthèse) : les moins de 25 ans passent près de 3h par jour en moyenne sur les réseaux sociaux.

Un intérêt pour l’actualité intact

Contrairement à certaines idées reçues persistantes, la génération Z ne s’intéresse pas moins à l’actualité que les autres générations. En revanche, elle s’informe différemment : moins de télé ou de journal papier, et plus de smartphone, consulté en continu à toute heure de la journée.

Les réseaux sociaux représentent ainsi les premiers outils mobilisés sur les smartphones. 54 % des moins de 25 ans dit s’informer chaque jour via les réseaux sociaux (vs 17% chez les plus de 65 ans).

Un chiffre qui, nous le pensons, est encore un peu en deçà de la réalité. En effet, les sondés considèrent-ils encore Youtube ou TikTok comme des « réseaux sociaux » (ou même des « réseaux socionumériques » comme leur était formulée la proposition dans l’étude médiamétrie) ?

Format vidéo, podcasts et pure players

Instagram, youtube, twitch, snapchat et tiktok se disputent aujourd’hui le titre de réseau préféré des jeunes générations. Cinq réseaux qui ont pour point commun de s’appuyer grandement sur la vidéo, voire même sur la vidéo au format vertical. En d’autres termes, si les jeunes s’informent via les réseaux sociaux, c’est également le format vidéo qui est plébiscité. Les plateformes ont ainsi vu prospérer de nouveaux médias pure players, à l’instar de Brut ou de Loopsider. Du côté des chiffres, Konbini explique par exemple avoir produit en 2022 plus de 7 500 vidéos qui ont obtenu un total de 3 milliards de vues. 

« Cette tranche d’âge s’appuie sur une multitude de canaux. Ils sont par exemple les plus gros consommateurs quotidiens de podcasts (22 % contre 16 %) ou de pure players comme Mediapart ou Slate », ajoute Guillaume Caline, directeur enjeux publics et opinion chez Kantar Public France et auteur de l’étude « Baromètre des médias : des rapports à l’info différents selon les âges », publiée dans l’édition du 22 décembre 2023 du Journal La Croix.

Hugodecrypte à l’ère des influenceurs

Ce Baromètre des médias nous apprend aussi que les 18‑34 ans sont 24 % à s’informer via des influenceurs, contre 6 % des plus de 35 ans.

Parmi ces derniers, si l’on retrouve bien entendu quelques influenceurs beauté ou lifestyle qui se permettent des incartades de temps à autres du côté de l’actualité ou du traitement des politiques publiques (à l’instar de Mc Fly et Carlito autour des gestes barrière), d’autres influenceurs ont fait de l’actualité leur fond de commerce.

Parmi eux, Hugo Decrypte est devenu une référence pour les 18-34 ans en quête d’informations. Créé par Hugo Travers en 2015, son format “les actus du jour” sur Instagram comptabilise plus de 100 295 likes en moyenne par publication. Son credo : vulgariser et résumer l’actualité nationale et internationale en moins de 10 minutes. Avec ses 3,9 millions d’abonnés sur Instagram, 5,5 millions sur TikTok, 2 millions sur Youtube, et 300 000 sur Twitch, il est devenu un véritable marque média pluri-canal.  À cet égard, il est également intéressant de battre en brèche un autre mythe, concernant le côté prétendument « zappeur » de cette génération, qui condamnerait les contenus longs. Outre le format déjà honorable de 10 minutes des « actualités du jour », la chaîne youtube d’HugoDécrypte propose également des grands formats qui peuvent atteindre plus d’une heure. Les récentes modification du côté de TikTok, qui permet désormais l’ajout de vidéos jusqu’à 15 minutes, confirme une fois encore que le format long n’est pas mort, pourvu que son montage soit approprié aux codes des plateformes.

Des médias sommés de revoir leurs codes et modes de diffusion

Face à ces nouvelles façons de consommer l’actualité, les médias « traditionnels » sont amenés à adapter leurs contenus et à diversifier leurs propositions, si elles veulent atteindre cette cible.  Le 28 octobre, HugoDécrypte était sur France 2 pour une adaptation sur petit écran de son format «Interview face cachée », habituellement réservé à YouTube. Son échange avec Thomas Pesquet a réuni 1,85 million de téléspectateurs (et 12 000 spectateurs sur la plateforme France.tv).

De son côté, Médiapart fait appel depuis 2016 à son propre influenceur, Usul, pour des chroniques vidéo sur l’actualité qui cumulent chacune plusieurs centaines de milliers de vues.

Les médias s’inspirent aussi des influenceurs en matière de stratégie de diffusion. Depuis des années, des médias comme Le Parisien ou L’Equipe poursuivent une vraie stratégie sur tiktok, snapchat ou instagram pour développer leur notoriété auprès des cibles jeunes. Plus récemment, elles ont investi « les Canaux » sur Whatsapp, pour proposer un lien plus direct à leur communauté.

France 24, qui se targuait déjà d’être le « premier média français sur Youtube » (6 millions d’abonnés) s’est aussi intéressé très vite à l’onglet « canaux » déployé en novembre sur Whatsapp. Le média comptabilise aujourd’hui plus 2,7 millions d’abonnés sur l’application de messagerie, qui trouve là une nouvelle manière de rayonner à l’international. C’est plus que la BBC (1,4 millions) mais moins que CNN (8 millions). Preuve ceci dit qu’il existe bien une place en ligne pour les « médias traditionnels ».

L’avenir de l’actualité se joue sur TikTok

Alors que l’on a beaucoup parlé, ces derniers mois, de l’opportunité de quitter ou non twitter, on en aurait presque oublié de constater la place que TikTok est en train de prendre dans la fabrique de l’information.

Selon le rapport Reuters 2023, 20 % des 18-24 ans viennent désormais sur la plateforme pour s’informer, une hausse de 5 % par rapport à l’année précédente. Le réseau poursuit sa mutation et sa croissance, et s’impose dans un paysage médiatique de moins en moins textuel et de plus en plus vidéo comme une source d’information de premier plan. Au Royaume-Uni, la plateforme est ainsi devenue en 2023 la première source d’information des jeunes, devant Instagram et YouTube. Au point que les médias emboîtent là aussi le pas. Dimanche 7 janvier, tandis que nous finissions cet article, 5 extraits du journal télévisé de 20h sur France 2 s’appuyaient sur des images issues de TikTok.

Marabout, bout de ficelle, cellule de presse

Outre la puissance de son algorithme, l’une des raisons qui explique le succès des contenus d’information sur TikTok est certainement à rechercher du côté de la « newsfatigue » que décrivent désormais les études sur le rapport qu’entretiennent les jeunes à l’actualité. « À quoi bon continuer à s’informer sur la misère du monde, si cela me déprime et génère un profond sentiment d’impuissance ? », résumait il y a quelques semaines le média The Conversation, dans un dossier consacré au rapport des jeunes à l’information. Et selon l’étude Kantar/La Croix, 58% des 18-24 ans expriment un sentiment de lassitude face à l’information (vs 47% chez les 65 ans et plus).

Or c’est bien là la force de TikTok : permettre à l’utilisateur de passer d’un sujet grave à un sujet plus léger, en un swipe, façon « marabout, bout de ficelle, cellule de presse » ! La recette n’est pas nouvelle. Voici près de 10 ans que les équipes de Quotidien alternent le lol et l’analyse politique, voire les hybrident totalement.

C’est sans doute l’ultime enseignement que nous tirons de ce panorama des études et des médias sur le rapport des jeunes générations à l’information. Avec une actualité sombre, face à laquelle les individus se sentent impuissants, les jeunes générations ont trouvé une manière moins anxiogène de la consommer, en l’hybridant avec des contenus plus légers. Ce que propose depuis quelques semaines l’application du très sérieux journal Le Monde, avec son nouveau format « Découvrir » s’inscrit pleinement dans cette tendance.

Ecrit par : J. Bayard

 

 

 

La séparation des pouvoirs en France

 

La séparation des pouvoirs en France vise à répartir les différentes prérogatives de l’État entre plusieurs organes indépendants. On distingue trois fonctions principales : le pouvoir législatif (faire les lois), le pouvoir exécutif (appliquer les lois) et le pouvoir judiciaire (interpréter et appliquer les lois).

En droit constitutionnel, la théorie de la séparation des pouvoirs est fondamentale (tout comme celle de la hiérarchie des normes). C’est d’ailleurs fréquemment un sujet de dissertation en droit constitutionnel.

Grâce à cet article, vous allez sa voir ce qu’est la théorie de la séparation des pouvoirs, quelle sa place dans notre système juridique et en quoi elle est aujourd’hui remise en cause.

La théorie de la séparation des pouvoirs

Les auteurs à l’origine de la séparation des pouvoirs

La théorie de la séparation des pouvoirs a été élaborée principalement à partir des écrits de 2 auteurs :

  • de l’anglais John Locke dans son ouvrage « Essai sur le Gouvernement civil » (1690)
  • et du français Montesquieu dans son ouvrage « De l’esprit des lois » (1748)

Conseil : dans une dissertation sur la séparation des pouvoirs, vous devez mentionner ces éléments dans l’introduction. C’est incontournable !

Les 3 pouvoirs

Selon cette théorie de la séparation des pouvoirs, au sein d’un Etat, il y a 3 pouvoirs en France :

  • Tout d’abord, le pouvoir législatif (le pouvoir de faire la loi, le pouvoir de « légiférer ») : c’est le pouvoir d’adopter des règles de portée générale qui s’appliquent à tous.
  • Ensuite, le pouvoir exécutif (le pouvoir d’appliquer la loi) : Concrètement, c’est le pouvoir d’appliquer le droit au moyen de décrets, arrêtés (appliquer les lois votées par le pouvoir législatif)
  • Enfin, le pouvoir judiciaire (le pouvoir de trancher les litiges).

Selon cette théorie, une seule et même personne ne peut pas détenir tous ces pouvoirs. Chacun de ces pouvoirs doit être attribué à des organes différents et indépendants.  

Cette théorie cherche à éviter la tyrannie et à combattre les abus de pouvoir. En effet, tout homme qui a du pouvoir est tenté d’en abuser. 

C’est ce qu’il s’est notamment produit au cours des épisodes de monarchie absolue, où un roi avait tous les pouvoirs.

Montesquieu : “Pour qu’on ne puisse pas abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir.”

La répartition des pouvoirs

C’est pourquoi il fallait lutter contre cette vision des choses. Ainsi, selon la théorie de la séparation des pouvoirs, des organes différents doivent être à la tête de ces pouvoirs.

  • Tout d’abord, le pouvoir législatif (le pouvoir de faire la loi) doit être attribué à des assemblées représentatives (Parlement)
  • Ensuite, le pouvoir exécutif (le pouvoir d’exécuter les règles générales) doit être confié au chef d’Etat, au chef du gouvernement voire aux ministres (= les membres du Gouvernement)
  • Enfin, le pouvoir judiciaire doit être donné aux juges.  

Selon la théorie classique, ces différents organes doivent être indépendants les uns des autres. Aucun pouvoir ne doit pouvoir empiéter sur l’autre. 

Cette théorie est si importante qu’elle est envisagée à l’article 16 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (qui, rappelons-le, a valeur constitutionnelle).

Article 16 de la DDHC : « Toute Société dans laquelle la garantie des Droits n’est pas assurée, ni la séparation des Pouvoirs déterminée, n’a point de Constitution. »

La remise en cause de la théorie classique

La théorie de la séparation des pouvoirs a cependant été fortement remise en cause.  

Conseil : dans une dissertation sur la séparation des pouvoirs, la question de la remise en cause de cette théorie devra certainement être abordée. Vous pourrez ainsi montrer que c’est un mécanisme qui a évolué au fil du temps.

En premier lieu, on s’est rendu compte que, dans chaque régime politique, chaque organe n’avait pas une fonction si bien définie.  

Dans l’esprit de la théorie classique, le pouvoir exécutif ne doit que prendre des mesures d’exécution de la loi ; il ne peut pas prendre des règles de portée générale. 

Or, en France, par exemple, le Gouvernement (qui représente le pouvoir exécutif) fait plus qu’appliquer la loi.

Le Premier Ministre détient en effet un pouvoir réglementaire qui lui permet de prendre des décisions de portée générale, comme les décrets d’application générale (les décrets autonomes). Ce sont les règlements adoptés sur le fondement de l‘article 37 de la Constitution. 

Article 37 de la Constitution : “Les matières autres que celles qui sont du domaine de la loi ont un caractère réglementaire

De plus, il peut en outre se voir déléguer le pouvoir législatif, comme le démontre la pratique des ordonnances sous la Ve République. 

A noter : en France, le pouvoir exécutif peut aussi déposer des projets de loi qui seront par la suite étudiés par le Parlement.

En outre, la théorie de la séparation des pouvoirs a fortement inspiré ceux qui ont rédigé la Constitution américaine en 1787. 

En effet, la Constitution américaine de 1787 a prévu un régime présidentiel avec une séparation assez stricte des pouvoirs.

Mais cette séparation stricte des pouvoirs est tempérée par des moyens de contrôle et d’action réciproques entre les pouvoirs. C’est la théorie des des checks and balances (freins et contrepoids). 

Par exemple, aux Etats-Unis, le président peut opposer son droit de veto aux lois adoptées par le Congrès. Le président peut ainsi empêcher l’action du pouvoir législatif. 

A l’inverse, le Sénat américain peut bloquer le pouvoir de nomination de certains hauts fonctionnaires qui appartient à l’exécutif.

Une collaboration des pouvoirs ?

La théorie classique a rarement été appliqué à la lettre au cours des différents régimes démocratiques.

Une séparation trop stricte des pouvoirs a pu par exemple aboutir à la paralysie des Institutions sous le Directoire (1795-1799). A l’époque, le conflit entre le législatif et l’exécutif s’était terminé par un coup d’Etat, en 1799, par Napoléon Ier. 

C’est pourquoi aujourd’hui, on préfère parler de principe de collaboration des pouvoirs. Certes, à la base, il y a toujours cette distinction entre législatif, exécutif et judiciaire.

Ecrit par : J. Bayard