La Constitution décodée

Si nul n'est censé ignorer la loi, encore faut-il que tous puissent la comprendre

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La Constitution décodée

 

L’« affaire Benalla » a ravivé un débat autour d’un principe constitutionnel cardinal : la séparation des pouvoirs.

Davantage que le principe lui-même, c’est sa logique qu’il faut comprendre pour cerner le fonctionnement et l’articulation des institutions étatiques. Car la séparation des pouvoirs n’a pas tant vocation à séparer et isoler les pouvoirs qu’à établir une collaboration entre eux, leur permettant de se contrôler et de se limiter mutuellement.

Alors que les constitutionnalistes ne sont pas unanimes, c’est bien le principe de la séparation des pouvoirs qui interdit au Président de la République d’être auditionné par une commission d’enquête, alors même que sa logique pourrait justifier l’inverse.

En effet, au nom de la séparation des pouvoirs et parce que les pouvoirs sont « séparés », le Président ne devrait pas pouvoir se rendre au Parlement et le Parlement ne pourrait pas s’immiscer dans les affaires du Président. Mais au nom de la logique de la séparation des pouvoirs, de même que le Parlement contrôle le Gouvernement, le pouvoir législatif peut contrôler le pouvoir exécutif et tout le pouvoir exécutif, y compris le Président.

De surcroît, l’article 67 de la Constitution, qui fixe le statut du chef de l’État, lui interdit de témoigner devant une « juridiction ou autorité administrative ». Le Parlement et une commission ne sont ni l’une ni l’autre, nul n’oserait le contester.

Pourtant, le Président de la République ne peut se rendre devant une commission d’enquête. Le principe et la logique de la séparation des pouvoirs l’en empêchent et notre Constitution l’interdit.

La séparation des pouvoirs, d’abord, expressément garantie par l’article 16 de la Déclaration de 1789, est classiquement invoquée pour justifier une séparation stricte entre le Parlement et le Président lui-même. Mais on a vu que l’interprétation inverse pouvait être avancée.

L’article 67, ensuite, pose le principe d’irresponsabilité absolue du Président de la République, en son premier alinéa. Il constitue ainsi la prolongation du principe de séparation des pouvoirs : il « n’est pas responsable des actes accomplis en cette qualité », en dehors des cas prévus par la Constitution. Il s’agit des articles 53-2 (cour pénale internationale), 68 (destitution). Il faut y ajouter l’article 6, dont on peut déduire que, désigné directement par le peuple, le Président n’est responsable que devant celui-ci.

Être responsable ne signifie pas seulement voir sa responsabilité engagée. Cela signifie répondre de ses actes

D’aucuns soutiennent toutefois deux arguments permettant de limiter le sens du premier alinéa de l’article 67 et de justifier une audition du Président. D’une part, cette dernière ne serait pas expressément interdite, donc elle serait permise. D’autre part, par une simple audition, la responsabilité du Président ne serait ni engagée ni mise en cause, ce que seul prohibe cette disposition.

Ces arguments ne tiennent pas.

Quant au premier, l’interdiction se déduit précisément de l’irresponsabilité, de la séparation des pouvoirs et de l’article 18 de la Constitution, que l’on peut également invoquer utilement car il énumère strictement les moyens par lesquels le Président peut intervenir au Parlement : par voie de message ou en convoquant le Congrès. On peut d’ailleurs ajouter que rien n’interdit expressément au Président de la République d’être à l’initiative d’une loi, mais que l’on déduit de l’article 39 de la Constitution que ce dernier limite cette initiative au Premier ministre et aux parlementaires.

Quant au second, être responsable ne signifie pas seulement voir sa responsabilité engagée. Cela signifie répondre de ses actes. Or l’article 67, al. 1er est extrêmement clair : le Président ne peut pas répondre de ses actes accomplis en cette qualité.

Lorsque le Gouvernement est interrogé par les parlementaires ou que ses membres sont convoqués devant une commission d’enquête, sa responsabilité n’est pas « engagée », comme elle l’est lorsqu’il fait l’objet d’une motion de censure, laquelle ne peut être déposée qu’à l’Assemblée nationale. Pour autant, c’est parce qu’il est « responsable devant le Parlement », qu’il doit répondre aux parlementaires qui l’interrogent ou le convoquent, que ce soit à l’Assemblée ou au Sénat.

En revanche, ce principe d’irresponsabilité du Président ne concerne pas la présidence de la République : celle-ci, en tant qu’institution et les membres qui la composent, à l’exception du Président, peuvent effectivement faire l’objet d’un contrôle. Ils doivent répondre de leurs actes et sont tenus de déférer à une convocation devant une commission d’enquête.

La formule répétée par tous les collaborateurs du Président de la République, selon laquelle ils ont été « autorisés » par lui à venir devant la commission, est parfaitement infondée. En ne se présentant pas devant une commission d’enquête qui les convoque, ils s’exposeraient à des poursuites pénales.

Cela vaut tout autant à l’égard d’Alexandre Benalla lui-même, qui peut faire l’objet d’une audition. Mais il ne pourra pas évoquer les faits qui font l’objet de poursuites juridictionnelles, donc de ses mises en examen. D’ailleurs, lorsque Jérôme Cahuzac fut auditionné par la commission d’enquête le concernant, il était déjà mis en examen.

Enfin, si l’on veut atteindre le chef de l’État, il reste deux possibilités. L’une sera utilisée mardi 31 juillet : les motions de censure contre le Gouvernement, déposées par Les Républicains et les groupes parlementaires de gauche. L’atteinte est indirecte car c’est le Gouvernement qui est visé. Mais elle est justifiée, car c’est le Gouvernement qui est responsable, lequel tire d’abord sa légitimité de sa nomination par le Président de la République, avant de la voir confirmer, éventuellement, par l’Assemblée : c’est ici la logique de la Ve République.

L’autre sera peut-être utilisée plus tard, en fonction de ce que décident les parlementaires, à la lumière des auditions qui auront encore lieu : l’engagement d’une procédure de destitution, s’ils considèrent que le Président a commis un « manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l’exercice de son mandat ». La procédure est contraignante et traduirait la gravité de la situation. Mais elle peut être initiée par les sénateurs.

Telle est la logique de la séparation des pouvoirs, telle est la logique du fonctionnement de notre État, telle est la logique d’État ; qui n’est pas la raison d’État.

 

L'équilibre des pouvoirs en France est-il «une illusion»

«La Vème République repose sur deux piliers : un président élu au suffrage universel direct, et une majorité stable, disciplinée et cohérente à l'Assemblée nationale.»

«La Vème République repose sur deux piliers: un président élu au suffrage universel direct, et une majorité stable, disciplinée et cohérente à l'Assemblée nationale». Mais peut-on pour autant parler d'un pouvoir législatif à la botte de l'exécutif ? Les opposants à la «Vème» ne manquent pas d'arguments: ils relèvent tout d'abord que le gouvernement, censé être soumis au contrôle du Parlement, est en réalité soumis à celui du président. En témoigne la démission du premier ministre Michel Debré en 1962, à la suite de son désaccord avec le général de Gaulle qui veut organiser un référendum pour faire élire le président au suffrage universel. On peut aussi citer le cas de Jacques Chaban Delmas, poussé à la démission en 1972 par le président Pompidou qui n'apprécie pas projet de «Nouvelle société» développé lors de son discours d'investiture en 1969. Plus proche de nous, on peut aussi considérer le départ de Jean-Marc Ayrault à la suite de la débâcle socialiste aux municipales de 2014 comme un limogeage par François Hollande, qui le remplace par Manuel Valls.

 Six leçons de communication 

«Mais dans la pratique, une grande partie des pouvoirs du président n'existent que grâce à la majorité qui le soutient», nuance. «En cas de cohabitation, le gouvernement reprend tout son pouvoir et détermine seul la politique de la nation.» Cela fut le cas à trois reprises: de 1986 à 1988, lorsque le socialiste François Mitterrand nomma Jacques Chirac (président du RPR) à la tête du gouvernement, après la victoire de la droite aux élections législatives. Puis de 1993 à 1995, lorsque François Mitterrand nomma Edouard Balladur (RPR) ; et entre 1995 et 2002, lorsque Jacques Chirac perdit la majorité en provoquant des élections législatives partielles. il dû confier Matignon au socialiste Lionel Jospin.

«Il est assez logique que les Français donnent au président qu'ils ont élu une majorité confortable pour agir.»

L'hypothèse d'une cohabitation s'est très largement réduite depuis le passage du septennat au quinquennat en 2000, suivi en 2002 d'une inversion du calendrier électoral qui place désormais les élections législatives 30 jours après le scrutin présidentiel. «Dans cette configuration, il est assez logique que les Français donnent au président qu'ils ont élu une majorité confortable pour agir». Emmanuel Macron s'est d'ailleurs personnellement impliqué dans la campagne pour les législatives, appelant à l'élection d'une majorité forte. Mais là encore, cette nouvelle configuration ne rend pas pour autant le président de la République tout puissant. «On l'a vu avec François Hollande, dont l'action a été constamment entravée par les “frondeurs” de sa propre majorité, notamment au moment de la loi travail».

L'équilibre entre les pouvoirs exécutif et législatif est donc clairement à la défaveur du premier. Mais donner plus de pouvoir au Parlement sans perdre en efficacité relève de la gageure. «Il y aurait deux moyens d'atténuer l'autorité du président de la République: soit en supprimant l'élection du président de la République au suffrage universel direct, ce qui est inconcevable tant les électeurs y sont profondément attachés. Reste à instaurer une proportionnelle intégrale, pour éviter l'émergence d'une majorité aux commandes du président. Mais l'exemple allemand, où on ne sait toujours pas qui va gouverner près de cinq mois après le scrutin, ne plaide pas en la faveur de ce modèle.» La révision constitutionnelle en cours de préparation prévoit l'instauration d'une dose de proportionnelle, qui pourrait concerner jusqu'à une centaine d'élus. Les concours restent encore flous, mais il semble peu probable qu'Emmanuel Macron prenne le risque de renoncer au fait majoritaire propre à la Vème République.

Ecrit par : G. Vialy et J. Bayard 

Les journalistes doivent faire face aux risques psychosociaux et physiques d’une profession soumise au stress

 

 

 

 

Les risques professionnels des journalistes

 

Les journalistes doivent faire face aux risques psychosociaux et physiques d’une profession soumise au stress à la fois de la rapidité et de la qualité de l’information à délivrer, aux dangers des déplacements fréquents, notamment en zones de conflits armés, ou proches de catastrophes ou d’accidents, d’attentats ou relatifs à des faits divers dramatiques.
Les journalistes exercent un métier soumis à des contraintes physiques, organisationnelles et relationnelles susceptibles de générer des risques lorsque ces situations dangereuses ne font pas l’objet d’une prise de conscience et de mesures de prévention adéquates, ce qui est fréquent : l’excès de charge mentale qui génère ces conditions de travail stressantes, sont en particulier responsables de risques psychosomatiques (maladies cardio-vasculaires, troubles musculo-squelettiques, troubles gastro-intestinaux, états d’anxiété et dépressifs, addictions). Par ailleurs, pour les postes sédentaires, soumis à différentes sources de bruit (usage intensif du téléphone…), aux contraintes visuelles et ergonomiques du travail sur écran, à des astreintes de productivité, de contrôle, dans des locaux confinés, le journaliste est exposé principalement à des risques de troubles visuels, auditifs et musculo-squelettiques. 

Les principaux risques du métier de journaliste

Les journalistes sont des acteurs essentiels des processus d’information des citoyens, que cette information soit politique, sociale, économique, événementielle, technique, sportive, artistique … : investigation, recueil, compilation, analyse et synthèse, puis mise en forme et mise à disposition des différents médias qui les communiquent sous diverses formes (écrite, audiovisuelle, internet), par l’intermédiaire des entreprises de presse, publications quotidiennes et périodiques ou agences de presse.
L’activité peut être sédentaire et s’exercer dans des bureaux de presse, studios radio ou télévision, ou sur le terrain dans les lieux ou se produisent les événements à relater.
De nombreuses contraintes psychologiques, organisationnelles et physiques concernent la profession de journaliste, d’intensité variable selon la nature du poste, avec dans certains cas nécessité d’un fort investissement et engagement personnel (journaliste d’investigation, reporter en zones de conflits …).
L’évolution du journalisme et des médias, marquée par les transformations induites par les nouvelles technologies informatiques et de communication et les changements du contexte commercial et concurrentiel, a tendance à renforcer ces contraintes.

Les risques psychologiques
Gérer à la fois fiabilité, pertinence et rapidité de l’information est un défi permanent avec des exigences accrues à la fois de productivité et de qualité parfois incompatibles.
Par ailleurs, le journaliste peut être exposé à des pressions, manipulations, intimidations tendant à travestir ou biaiser ou cacher l’information : ces errements éthiques imposés sont sources de détresse morale et de perte d’identité professionnelle. Il peut s’y ajouter des violences verbales, éventuellement psychiques (harcèlements …), une forte pression médiatique et des atteintes à la vie privée.
Le contact direct et fréquent avec des événements dramatiques (catastrophes naturelles, industrielles ou humanitaires, accidents, attentats …) soumet le journaliste à des manifestations d'usure professionnelle : on parle de stress vicariant pour désigner ces troubles compassionnels. Le traumatisme dit « vicariant » résulte d'une surcharge émotionnelle résultant d’une profession au contact permanent avec des personnes en détresse (cadavres, blessés, sinistrés, victimes etc.) ou le journaliste est confronté à des situations faisant éprouver des émotions intenses. Ces confrontations constantes avec la souffrance d'autrui, à l’exposition répétée à la vision et/ou aux récits d’accidents ou d’actes de violence … peuvent être à l'origine d'une souffrance psychologique plus ou moins importante et plus ou moins tardive appelée traumatisme vicariant (ou secondaire par effet de contagion du traumatisme). Les effets de la traumatisation vicariante se cumulent avec le temps et peuvent conduire à l'état de stress compassionnel. 
De plus, la violence personnellement adressée au journaliste, agressions verbales ou physiques causées par des personnes présentes sur les lieux (hooligans, manifestants, « casseurs », témoins interviewés …), constitue aussi un risque et induit un stress important lors d’agressions régulières et répétées.
Les conséquences de l’exposition à ces agressions psychiques et physiques sont évidemment exacerbées pour les reporters de guerre et il faut en particulier considérer les effets induits qui peuvent survenir après le conflit et pas seulement ceux pendant la présence sur le terrain (Post Traumatic Stress Disorder PTSD).

Les risques organisationnels


Dans un contexte journalistique de plus en plus contraint (information continue, difficultés économiques de la presse), avec des critères d’instantanéité de l’information de plus en plus exigeants, les systèmes organisationnels demandent aux journalistes une grande réactivité, productivité et compétitivité, avec comme conséquence éventuelle une surcharge mentale due aux méthodes de management et à la gestion des ressources humaines mises en œuvre : 
- une pression continue à la fois sur les délais et sur la qualité de service,
- une flexibilité imposée avec des horaires de travail importants, débordant à domicile le soir et sur les week-ends, ou nécessitant un travail de nuit, ou très variables selon l’actualité,
- une multiplicité des tâches concomitantes,
- un nomadisme accru avec des déplacements longs et fréquents et un éloignement du domicile,
- la disponibilité constante par le truchement du téléphone ou de l’ordinateur portable,
- l’accomplissement de tâches contraires à la conscience professionnelle et/ou à l’éthique personnelle,
- des délais continuellement serrés (imprévus, urgence permanente).
Pour les journalistes en déplacement, les départs d’urgence, l’exécution de multiples tâches, la fatigue des heures supplémentaires dues au voyage, l’absence d’un temps de récupération suffisant pour gérer les suites professionnelles d’un long voyage et pour s’adapter au jet lag éventuel, sont générateurs de stress et en particulier d’accidents de la route. 
Pour les journalistes sédentaires, les risques organisationnels peuvent avoir aussi d’autres origines, que l’on rencontre souvent dans les situations de travail de bureau, ou la promiscuité prolongée dans un espace clos, les travers de relations hiérarchiques abusives, les favorisent : stress managérial (organisation, contrôle et rythme de travail), stress lié à tension émotionnelle de la relation hiérarchique, stress du harcèlement moral ou sexuel. Certaines méthodes de management dans le milieu des médias de communication provoquent des risques psychosociaux en augmentation, qui nuisent à la fois à la santé des journalistes et à l’efficacité de l’entreprise de presse qui peut aisément devenir pathogène avec des abus d’autorité totalement irrespectueux de la personne.
De même, le stress de la précarité de l’emploi s’accroit avec le recours de plus en plus important aux pigistes dans une profession qui externalise désormais une grande partie de sa flexibilité.

Les conséquences du stress des journalistes


L’impact sur la santé au travail se manifeste lorsqu’il y a une surcharge mentale, mais sa mesure est bien difficile à établir et, de plus, il est difficile pour un journaliste d’en prendre pleinement conscience.
Par ailleurs, les surcharges mentales sont ressenties de manière très diverses selon les individus. Les seuils dans le niveau de contrainte psychique, au delà desquels l’astreinte qui en résulte est excessive, n’existent pas de façon absolue et mesurable et ne se manifestent que par leurs effets a posteriori : baisse de la performance, apparition de symptômes de fatigue, hausse des incidents (oublis...) ou d’accidents (notamment routiers), agressivité voire harcèlements envers son entourage professionnel ou familial, consommation de psychotropes. Il y a une grande variabilité individuelle, selon les capacités d’acquisition et d’organisation, la structure psychique, et l’apprentissage ou l’entraînement comme pour la surcharge physique. 
De nombreux éléments mettent en évidence les effets pathogènes d’une surcharge mentale chez les journalistes : le stress et l’épuisement professionnel (burn-out) sont les conséquences néfastes des surcharges mentales. En cas de surcharge mentale prolongée, l’individu conserve son équilibre psychique dans un environnement stressant avec une stratégie individuelle de défense de répression psychique, conduites addictives et somatisations. 
Le stress permanent a des effets destructeurs et pathogènes sur les individus qui y sont soumis : la confirmation chez les journalistes de la réalité croissante des atteintes à la santé psychique et de ses effets somatiques par le stress (maladies cardio-vasculaires, troubles musculo-squelettiques, troubles gastro-intestinaux, états d’anxiété et dépressifs…) et du rôle des facteurs organisationnels dans les entreprises de presse constitue une alerte majeure de santé au travail.

Les risques physiques des journalistes


- Les risques liés aux déplacements professionnels
L’alimentation pendant les fréquents déplacements, irrégulière, déséquilibrée, trop abondante et/ou alcoolisée est un facteur d’obésité et de risque cardiovasculaire pour les journalistes.
L'alcoolisme au travail n'épargne aucune classe socioprofessionnelle, et les journalistes ont tendance à la prise d'alcool dans un contexte professionnel : boire en réunion avec les invités, les notables … est en France une habitude sociale. Une consommation excessive et régulière, peut mener à une dépendance provoquant des atteintes plus ou moins réversibles de l’état de santé. D’autres addictions, les drogues (notamment, le cannabis, la cocaïne) et les médicaments psychotropes sont venues s’ajouter aux substances entrainant des troubles du comportement et l’augmentation et la banalisation de la consommation de ces produits en font une question qui doit aussi être prise en compte. Par ailleurs, les reportages à l’extérieur sont susceptibles de se dérouler dans des conditions météorologiques éprouvantes (froid ou chaleur extrêmes, intempéries violentes) et dans un environnement hostile suite à des incendies, inondations, tremblements de terre, éruptions volcaniques, bombardements, balles perdues, agressions crapuleuses ou terroristes … (chutes de plain-pied sur un sol inégal, boueux …, chutes d’objets depuis des bâtiments dégradés, morsures ou griffures d’animaux, blessures ...).

- Le risque routier
De nombreux journalistes prennent la route avec des véhicules de tourisme pour se rendre sur les lieux de leur reportage, que cela soit de façon occasionnelle ou régulière avec des exigences d’efficacité et de ponctualité qui peuvent interférer avec les contraintes de la circulation routière (embouteillages, Code de la Route..) et générer des situations stressantes et des accidents de la route. 
Le risque routier a souvent des origines multifactorielles, liées à l’environnement (état des itinéraires, travaux, météo,..), au véhicule (adaptation, équipement, entretien, ...), à l’organisation (horaire, préparation, utilisation du téléphone au volant, ...) et bien sur au conducteur (respect des règles, fatigue, vigilance ...). Le comportement au volant est lié à des adaptations, des arbitrages que doit réaliser le conducteur entre les éléments émanant de la situation de travail et la situation de conduite. Le conducteur doit prendre en compte les contraintes de travail : tous les aléas et dysfonctionnements de la situation de conduite rencontrés, l'oblige à réguler, adapter son comportement en mettant en balance les injonctions des deux situations. 

- Les risques des voyages internationaux aériens
Les voyages internationaux aériens présentent différents risques pour la santé selon l’état sanitaire et le pays. Pour tous les longs voyages professionnels, la fatigue est liée aux levers précoces et aux arrivées et retours tardifs qui aboutissent à des amplitudes horaires de travail très importantes, empiétant souvent sur les nuits et les week-ends de repos. De plus, cette fatigue est accentuée par le décalage horaire (jet lag) qui désynchronise les heures de repas et de sommeil, engendrant des troubles de l’humeur, de la vigilance, de la digestion.
Pour les voyages dans les pays tropicaux ou équatoriaux, il faut compter de plus avec les changements d’hygrométrie, de température et avec la pollution atmosphérique dans les grandes métropoles des pays en voie de développement, prédisposant aux infections ORL, aux allergies respiratoires.
Le journaliste à l’international est aussi exposé à diverses maladies infectieuses, dont les plus fréquentes dans les conditions d’un voyage de reportage sont le paludisme transmis par les piqures de moustiques, la diarrhée par ingestion d’aliments ou de boissons contaminés et les maladies sexuellement transmissibles (hépatites B, C, syphilis, SIDA…) qui ont une forte prévalence dans beaucoup de pays africains, du Sud-est asiatique et d’Amérique Latine. Enfin, il ya des risques spécifiques au mode de transport aérien (otites, éventuellement phlébite, décompensation d'une pathologie préexistante).
- Les risques chimiques et radiologiques
Les lieux de reportage sont possiblement contaminés par des agents chimiques ou radiologiques, lors des reportages concernant les catastrophes industrielles (type Seveso, Fukushima...), ou les zones de guerre chimique ou nucléaire.

- Les risques liés au travail sédentaire
Dans un poste sédentaire, soumis aux du travail sur écran, le journaliste est exposé principalement à des risques de troubles visuels, auditifs, musculo-squelettiques et biologiques.

- Le risque visuel
Le travail fréquent sur écran sollicite fortement la vision : le mécanisme d'accommodation permanent, assuré par le cristallin et les muscles des yeux, qui permet le réglage de la mise au point de l’image sur la rétine, la convergence qui permet la fusion des deux images rétiniennes grâce à la contraction de muscles situés autour de l'œil, provoquent une fatigue oculaire après des efforts visuels prolongés. De plus, de nombreux et très fréquents défauts de l'œil (myopie, hypermétropie, astigmatisme, troubles de la convergence, presbytie) rendent l'effort oculaire plus important pour un résultat médiocre lorsqu’ils sont mal ou pas corrigés. Par ailleurs, les mauvaises conditions d’éclairage (reflets sur les écrans, éblouissement direct…), un poste peu ergonomique, aggravent la fatigue visuelle. Cette fatigue des muscles oculaires se traduit par une vue de plus en plus trouble au fur et à mesure de l'effort, des picotements et rougeurs oculaires, des larmoiements, des clignements intempestifs des paupières, des maux de tête…

- Le risque auditif
Le journaliste peut très souvent travailler au téléphone avec ou sans casque, avec ou sans fil dans un bureau isolé ou dans un espace collectif, avec ou sans séparation : les casques, pour permettre de communiquer correctement avec l'interlocuteur, sont réglés souvent à des niveaux trop élevés, car le travail en bureau expose aussi à d’autres sources de bruit qui créent une forte ambiance sonore : les conversations téléphoniques des autres collègues, le bruit des ordinateurs, des imprimantes, des sonneries, et de la climatisation. Si les postes de travail ne sont pas séparés par des cloisons acoustiques, le manque d’isolation phonique génère un bruit ambiant trop souvent à des niveaux incompatibles à la fois avec un travail intellectuel et un bon confort d'écoute au téléphone avec les risques suivants : fatigue auditive, perception d’acouphènes, risque de lésions auditives et de déficit auditif temporaire ou définitif d'installation insidieuse, lié à une exposition chronique au bruit. 

- Les risques de troubles musculo-squelettiques
La position statique assise prolongée, l’utilisation fréquente du clavier, de la souris et de l’écran de l’ordinateur, le travail au téléphone, génèrent des contraintes posturales au niveau du dos, du cou et du poignet. 
Il en résulte souvent des cervicalgies et des lombalgies, des affections du poignet (syndrome du canal carpien), par compression par appui sur le talon de la main. Cette compression est responsable de fourmillements dans le territoire du nerf médian sous le ligament carpien palmaire situé à la face antérieure du poignet.
La position assise immobile de longues heures favorise aussi l'apparition de pathologies comme les troubles circulatoires, le diabète, ou l'obésité, aggravée par le grignotage et/ou une restauration rapide, sans vraie pause-déjeuner.

- Les risques biologiques
La longue cohabitation de plusieurs personnes dans des bureaux, une aération et climatisation des locaux défectueuses entraine une pollution de l’air : les maladies respiratoires dues aux virus et bactéries aéroportés (grippe,…) se propagent aisément au bureau, notamment lors des éternuements et de la toux. Mais des contacts cutanés fréquents avec des claviers, mobiliers, poignées de porte, combinés de téléphone, génèrent aussi des maladies digestives dues aux virus et bactéries manuportés (gastro-entérite…).
D’autre part, la consommation de tabac dans les lieux de travail fermés comme les bureaux présente un risque respiratoire non seulement pour le fumeur mais aussi pour la santé des autres employés par tabagisme passif. Même dans les bureaux individuels, des problèmes entre fumeurs et non-fumeurs se posent puisque le personnel d’une entreprise est rarement isolé dans un bureau, les allers et venues exposent finalement les non-fumeurs à la fumée de tabac.    

Ecrit par : G. Vialy et J. Bayard

 

 

 

Le nouvel espace réservé aux journalistes accrédités de manière permanente à la présidence !

L’Elysée boute les journalistes hors du palais

 

Emmanuel Macron a décidé de délocaliser la salle de presse invoquant sa modernisation et son agrandissement pour accueillir plus d’accrédités.

Tout un symbole. Emmanuel Macron, qui verrouille d’une main de fer – sans gant de velours – sa communication, a décidé de délocaliser avant l’été la salle de presse de l’Elysée qui donne sur la cour d’honneur du palais. Le nouvel espace réservé aux journalistes accrédités de manière permanente à la présidence, notamment les agences de presse (AFP, Reuters, etc.), sera désormais situé au 4, rue de l’Elysée, qui longe l’hôtel d’Evreux.

Evoquée depuis l’arrivée de la nouvelle équipe présidentielle, cette idée a suscité dès le début une levée de boucliers des journalistes, pour qui voir les allées et venues dans la courdu palais donne des indications précieuses sur l’activité du président. Huit mois plus tard, les conseillers de M. Macron évoquent un projet immobilier global prôné par la Cour des comptes. « Il va y avoir une série de travaux », a expliqué, il y a deux jours, le chef de l’Etat, promettant des « concertations ».

« Des privilèges tombent »

Invités à une réunion à l’Elysée, mercredi 14 février, pour évoquer les aménagements de leur futur espace de travail, les journalistes ont pu constaterque les grandes lignes du projet avaient déjà été décidées. Les conseillers en communication du palais ont reconnu que ce projet de déménagement relevait d’une « décision unilatérale, sans concertation ». « Il y a des privilèges qui tombent », ont-il ajouté. « La présence de ce lieu au sein du bâtiment principal ne relève pas d’un “privilège”, mais résulte de la volonté de transparence des présidents de la République, constamment réaffirmée depuis 1974 », a aussitôt répondu, dans un communiqué, l’association de la presse présidentielle, en demandant de « reconsidérer » cette décision.

Niant toute volonté d’écarter les journalistes, l’Elysée invoque la modernisation et l’agrandissement de la salle de presse qui permettra d’accueillir plus d’accrédités. En guerre avec les médias, le président américain, Donald Trump, avait créé l’émoi juste avant son investiture en menaçant de déménager la briefing room dans une pièce plus grande en dehors de la Maison Blanche, avant d’y renoncer. A l’époque, les mêmes arguments étaient avancés par son administration qui expliquait qu’un plus grand nombre de médias, y compris des blogueurs, pourraient venir y travailler. Dans la nouvelle salle de presse de l’Elysée, les jeunes chaînes d’information continue auront désormais leurs places attitrées.

L’actuelle salle de presse a été installée à l’intérieur des murs du palais par Giscard. En 1984, Mitterrand l’avait transférée dans la cour d’honneur, dans un souci de transparence. « Ce déménagement est-il vraiment une priorité alors que cette salle avait été entièrement refaite pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy ou alors une volonté d’éloigner la presse du pouvoir ? », s’interroge l’ex-communicant de l’Elysée (2007-2012) Franck Louvrier, avant de conclure : « La distance n’empêche pas la critique… »

Ecrit par : G. Vialy et J. Bayard 

 

Médias, justice et état de droit : les contrepoids du pouvoir - Journée mondiale de la liberté de la presse 2018

 

 

La célébration principale de la Journée mondiale de la liberté de la presse 2018 aura lieu à Accra, au Ghana du 2 au 3 mai. La Journée mondiale de la liberté de la presse 2018 offrira à différents acteurs l’occasion de se pencher sur les interactions entre les médias, le pouvoir judiciaire et l’état de droit, dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Les sujets abordés seront pertinents pour la concrétisation des Objectifs de développement durable DD, en particulier pour l'ODD 16, qui met l'accent sur la promotion de sociétés justes, pacifiques et inclusives. L'évènement encouragera la discussion, sensibilisera aux défis actuels liés à la liberté d'expression et promouvra leur compréhension. De plus, l'évènement abordera les progrès réalisés en la matière.

La Journée mondiale de la liberté de la presse 2018 inclura une grande diversité de sessions (plénières, débats, présentations éclairs, etc.) qui aborderont les sous-thèmes suivant:

1. Liberté de la presse, accès à l’information et élections
2. Le système judiciaire à l’appui d’un journalisme libre et sûr
3. La liberté d’expression en ligne : améliorer l’autoréglementation
Une centaine d'évènements nationaux se tiendront au niveau mondial en complément de la célébration principale.

Le Président du Ghana M. Akufo-Addo, ainsi que d'importants représentants de gouvernements sont attendus lors de la célébration. Les participants incluront des représentants de la société civile, des médias, des associations professionnelles, du monde universitaire, et du secteur judiciaire.

Le 3 mai, l'UNESCO décernera le Prix mondial de la liberté de la presse UNESCO-Guillermo Cano, récompensant une personne ayant fait une importante contribution pour la défense de la liberté d'expression.

Deux autres éléments de la célébration principale renforceront son impact. Premièrement, la Conférence académique sur la sécurité des journalistes encouragera une plus grande collaboration entre la recherche et les praticiens du développement des médias. Deuxièment, la Salle de presse Jeunesse sensibilisera les jeunes reporters et les étudiants des médias aux nouveaux défis en matière de liberté d'expression. Cette sensibilisation sera faite via une couverture en direct de cet évènement d'ampleur internationale et réalisée avec l'aide et les conseils de professionnels des médias.

L'évènement inclura aussi au moins une exposition photo et la projection d'un film ainsi que de nombreuses représentations culturelles.

 

 

Quand, heure locale: 

Mercredi, 2 Mai 2018 - 9:00am - Jeudi, 3 Mai 2018 - 6:00pm

Où: 

Ghana, Accra

Type d’événement: 

Catégorie 3-Conférence non-gouvernementale

Contact: 

Saorla McCabe (Email: Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.)

 

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