Réseaux sociaux contre journalistes : Assiste-t-on à une révolution anti-médiatique ?

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CONSEIL DE L’ORDRE DES JOURNALISTES FRANCE ENTRETIEN

À la suite du succès de Jean-Luc Mélenchon, de nombreux hommes politiques lancent leur chaîne YouTube. Pour Gabriel Vialy, face à la dérive des médias, les candidats «hors système» sont ceux qui arrivent à utiliser le système contre lui-même.

Gabriel  VIALY : Journaliste

COJF. - Jean-Luc Mélenchon, critique vigoureux des médias, connaît un succès retentissant sur les réseaux sociaux, notamment sur sa chaîne YouTube. Vous avez écrit un livre à charge contre le langage médiatique. Les réseaux sociaux peuvent-ils être un palliatif pour qui veut débattre et s'informer ?

 

Gabriel VIALY. - Les réseaux sociaux sont des relais très puissants. En ce sens, on peut dire que désormais, la hiérarchie de l'information échappe en grande partie aux médias officiels. Une information jugée mineure par les journalistes peut prendre une ampleur énorme par le biais des réseaux sociaux. Le problème évidemment, c'est que des informations fausses prennent également une ampleur énorme de cette manière. Mais ce qui est intéressant, c'est que la fameuse, disons, la prétendue «éthique de la responsabilité» des journalistes est totalement à revoir.

Souvenez-vous des agressions de Cologne. Toute tentative d'étouffer des faits avérés est contre-productive.

Souvenez-vous des agressions de Cologne. Toute tentative d'étouffer des faits avérés est contre-productive. Les faits en question finissent par être connus parce que les réseaux sociaux propagent les images et les témoignages. Et les médias faisant autorité apparaissent comme des manipulateurs ayant voulu cacher la vérité. Par contrecoup, les médias alternatifs gagnent en crédibilité: ils apparaissent comme ceux qui disent ce que les autres nous cachent. Il faut compléter ce commentaire en remarquant un phénomène corollaire, très compréhensible, sorte de réflexe de défense des grands médias face à la concurrence de la toile: je veux parler de la propension des médias à nous mettre en garde contre ce qui circule sur les réseaux sociaux, et je pense notamment aux épisodes d'attentats. Cet appel à la prudence est légitime, mais ces mêmes médias ne semblent pas se l'appliquer à eux-mêmes. La volonté obsessionnelle d'être le premier à divulguer telle ou telle information les conduit à relayer toutes les rumeurs, en se protégeant derrière l'emploi du conditionnel, ce qui est un peu facile! Sans compter les erreurs liées à la précipitation.

 

Le candidat de la «France insoumise» est probablement l'un des derniers hommes politiques à faire usage d'une langue française riche et variée, à la fois populaire et soutenue. Pensez-vous que cela puisse jouer dans sa popularité croissante à gauche ?

 

La qualité de l'expression, support d'un discours clair, capable de subtilité tout en restant très accessible, est un atout majeur de Jean-Luc Mélenchon.

Pas uniquement à gauche. La qualité de son expression, support d'un discours clair, capable de subtilité tout en restant très accessible, est un atout majeur qui séduit jusqu'aux gens les plus opposés à son orientation politique. On n'est peut-être pas d'accord avec lui mais on a envie de l'écouter ; et cela constitue une victoire en soi. Sa manière de parler tranche avec l'expression de François Hollande, par exemple. Le président actuel n'a pas seulement laissé massacrer l'enseignement du français dans les programmes scolaires: il a saccagé la langue dans ses propres discours. Débit hésitant, inaptitude à poser sa voix, phrasé sans rapport avec la logique de la phrase, lexique très réduit, syntaxe maladroite, souvent fautive... Je ne sais pas si vous l'avez remarqué, mais il a contaminé Manuel Valls, qui s'était mis à scander ses phrases de la même façon que Hollande, avec cette bizarre tendance à hacher le discours qui est très agaçante à l'oreille. Une allocution de François Hollande, on la subit ; et je me surprends parfois à plaindre les journalistes qui sont obligés de l'écouter! Alors qu'on a plaisir à écouter Jean-Luc Mélenchon.

 

Florian Philippot, qui critique aussi vertement les médias, est en même temps un fidèle habitué des matinales radiophoniques et des plateaux de télévision. Le vice-président du FN a lui aussi décidé de lancer une chaîne YouTube pour raconter les coulisses de la campagne frontiste. N'est-ce pas un peu inauthentique et artificiel ?

 

À propos de leur chaîne YouTube, j'ai l'impression qu'il y a une différence essentielle entre la démarche de Jean-Luc Mélenchon et celle de Philippot.

En fait, j'ai l'impression qu'il y a une différence essentielle entre la démarche de Jean-Luc Mélenchon et celle de Philippot. Le vice-président du FN aime les médias. On sent qu'il est à l'aise sur les plateaux. S'il fait une chaîne YouTube, c'est seulement… pour faire une chaîne YouTube, vous voyez ce que je veux dire? L'idée, c'est uniquement «il y en a qui le font et ça marche, alors on va le faire aussi». Bien sûr, cela suscite l'intérêt et la curiosité ; il suffit de voir le nombre d'articles consacrés au lancement, assez pitoyable en effet, de cette chaîne. Philippot ne va pas déserter les plateaux télé: la chaîne YouTube, c'est un petit plus. Mélenchon, lui, sait pourquoi il fait une chaîne YouTube. Ce n'est pas un coup marketing mais le résultat d'une réflexion sur les médias de masse, proche de celle qui a conduit Michel Onfray à lancer sa «Web TV». L'utilisation de YouTube par le président de «la France insoumise» se substitue à sa présence médiatique. Il dit bien que son but est de «contourner les médias officiels». Quand on espère convaincre les électeurs en s'exprimant dans la presse, à la radio, à la télévision, comme c'est l'usage, on accepte de se soumettre à la loi des médias. On leur délègue un pouvoir énorme. On ne dispose pas du temps qui serait nécessaire pour développer une pensée complexe, il faut parler vite et l'on ne peut pas s'accorder le luxe de se reprendre, de chercher le mot juste, on est interrompu sans cesse, les questions sont souvent d'un intérêt très limité, quand elles ne sont pas tout bonnement stupides. Le journaliste traque le «dérapage» ou le scoop, je dirais même qu'il cherche à les provoquer ; le reste ne l'intéresse pas. Et quoi que l'on dise, il faut faire très attention car en définitive, ce qui restera de l'interview, c'est une expression qui tournera dans le bandeau en bas de l'écran toute la journée! Coupée du reste de la phrase, isolée du contexte qui lui apporte sa justification et ses nuances, elle deviendra excessive, brutale ou caricaturale.

 

Les candidats dits «populistes» cherchent des plateformes d'expression alternatives face à ce qu'ils ressentent comme une mise au banc, une disgrâce. N'y a-t-il pas aussi une forme de victimisation de la part de ces candidats qui se proclament hors du système ?

 

Les candidats « hors système » sont, en réalité, ceux qui arrivent à utiliser le système contre lui-même.

J'ai montré dans mon livre comment la sphère médiatique diffuse une espèce de pré-pensée définissant le corpus des préjugés officiels de notre société. Mélenchon désigne les médias comme «le parti de l'ordre». Il est vrai que certains journalistes semblent considérer que leur rôle est de veiller à ce que les pensées dissidentes ne s'expriment pas trop fort et soient publiquement dénoncées comme mauvaises, afin de préserver la paix civile, laquelle repose sur l'adhésion contrainte ou consentie à un corpus de croyances. Évidemment, plus cette adhésion est contrainte, plus la situation est explosive. La majorité du personnel politique se soumet au magistère moral des médias et accepte ce système dans lequel il faut utiliser certains mots et pas d'autres, rappeler sans cesse que l'on soutient pleinement telle idée avant de pouvoir formuler telle autre, un peu plus hardie, etc. Toujours sous l'œil sévère d'un journaliste, qui veille à la rectitude morale du propos. Vous parlez de «victimisation»: ceux que l'on considère comme des «populistes» ont en fait compris que ce dispositif d'inquisition exaspère beaucoup de gens ; et qu'il pouvait être vendeur de se faire détester des médias. On ne peut pas vraiment être un candidat «hors système». Cela reviendrait à ne pas exister du tout. Si on laisse de côté ceux qui se prétendent hors système sans l'être en rien, les candidats «hors système» sont, en réalité, ceux qui arrivent à utiliser le système contre lui-même. Ah, ils traquent les dérapages? Eh bien je vais les accumuler, les dérapages. Et les médias foncent tête baissée dans le piège. Regardez Trump: il a bâti sa victoire quasi exclusivement sur cette stratégie, être le candidat des médias malgré eux.

 

Emmanuel Macron, tout conseiller de François Hollande qu'il fut, se proclame lui aussi hors du système. S'appuyant sur une dynamique que les sondages ne démentent pas jusqu'à maintenant, il fait l'objet d'une certaine fascination, notamment médiatique. Lui-même n'hésite pas à tomber dans une forme d'exaltation. Que pensez-vous de la langue politique du candidat d'En Marche ?

 

Ce qu'Emmanuel Macron recherche et attend de nous, c'est moins une approbation raisonnée qu'un attachement personnel.

Les médias s'intéressent à lui beaucoup moins pour ses idées que pour ce qu'il est: jeune, et nouveau venu en politique. Ce qui est intéressant, c'est que lui-même centre son discours sur sa propre personne plus que sur un programme. Écoutez-le: ses propos en reviennent toujours à «je» plus «vous» égale «nous». Certes, il énumère des mesures économiques concrètes, c'est son domaine de spécialité. Cet excès de technicité sur les questions d'économie cache mal l'absence d'autres aspects, primordiaux dans tout programme présidentiel. Emmanuel Macron désigne souvent son programme en disant «notre projet économique et social» et il greffe dessus, progressivement, des questions de sécurité, d'éducation, d'immigration, etc. mais il manque une vision globale qui établisse la cohérence du projet. Ou alors, on peut considérer ce manque comme symptomatique et en déduire que pour Emmanuel Macron, la force et le prestige d'un pays, comme le bonheur de sa population, se réduisent à sa prospérité économique, sans égard pour le non-quantifiable. En fait, ce qu'il recherche, ce qu'il attend de nous, c'est moins une approbation raisonnée qu'un attachement personnel. Quand il dit: «il y a six mois, personne n'y croyait et pourtant nous l'avons fait», on a l'impression qu'il porte des idées révolutionnaires (il a même écrit un livre qui s'appelle Révolution) ; alors que si personne n'y croyait, c'est justement parce qu'il ne portait pas un discours clair, un projet identifiable. D'une certaine manière, et c'est presque admirable, il a construit sa popularité sur cette image de coquille vide: au lieu d'énoncer les axes d'une politique pour soumettre un projet à notre jugement, il a mis en scène une vaste consultation populaire. Le nom même de son mouvement — d'autres que moi l'ont fait remarquer — traduit cette absence d'orientation: en marche… vers où? quel est l'objectif ou du moins, la direction?

 

Loin de l'exaltation, François Fillon choisit une communication minimaliste, un langage précis voire austère, sans effet de manche. N'est-ce pas aussi une forme de rupture dans le langage politique d'aujourd'hui, dominé par les codes de la communication politique ?

Je ne dis pas que Fillon est plus sincère ou crédible que les autres. Il veut en tout cas donner l'image de la sincérité, c'est une question d'éthos pour reprendre le vocabulaire de la rhétorique.

Si, c'est certain. On voit bien qu'Alain Juppé, en essayant de rajeunir son image par l'emploi d'un vocabulaire relâché («j'ai la super pêche») voire vulgaire («je les em....e») s'est ridiculisé, comme d'ailleurs un Bruno Le Maire, qui restera comme l'auteur de cette formule mémorable: «être français, p....n, c'est la classe!». Il n'a pas lancé sa chaîne Youtube mais son passage chez un jeune Youtubeur aura été remarqué, peut-être pas comme il l'espérait! François Fillon a joué la carte inverse et, là encore, on voit que cela fonctionne. Ses sourcils, par exemple. On sait que les sujets de l'émission Ambition intime avaient fait l'objet d'une discussion préalable ; il n'est donc pas anodin qu'il ait accepté que Karine Lemarchand lui demande pourquoi il ne s'épilait pas. Il met en scène son choix de l'authenticité: je ne suis pas idéalement photogénique selon vos canons, mais je suis vrai ; voilà l'idée. C'est encore évident dans la manière dont il endosse le rôle de l'homme austère et vieux jeu. Quand il conteste le fait que la conclusion de L'Émission politique de France 2 soit confiée à Charline Vanhoenacker, auteur d'un billet humoristique qui, manifestement, ne le fait pas rire ; alors que d'autres candidats se sentent obligés de paraître cools et branchés en feignant d'apprécier ce procédé. Ou encore quand il affirme: «J'aime mon pays, ça peut paraître ringard sur un plateau télé mais ça ne l'est pas dans le cœur des Français.» Je ne dis pas que François Fillon est plus sincère ou plus crédible que les autres. Il veut, en tout cas, donner l'image de la sincérité, c'est une question d'«éthos» pour reprendre le vocabulaire de la rhétorique. En fin de compte, on en revient actuellement à la base de la rhétorique: la question «à qui est-ce que je parle?» et implicitement, «à qui est-ce que je veux plaire?». Beaucoup d'hommes politiques ont fini par croire qu'il fallait parler aux médias, parler la langue des médias, pour atteindre l'électorat. Les mythes de l'objectivité médiatique, de la liberté de la presse ou du contre-pouvoir salutaire avaient fini par conférer aux médias le statut de caution morale nécessaire. Et l'intermédiaire était devenu l'interlocuteur unique. Aujourd'hui, une méfiance croissante envers les médias traditionnels, qui se répand indifféremment dans l'électorat de droite et de gauche, oblige le personnel politique à revoir sa stratégie. Et l'on voit que, pour un candidat, jouer la carte du rapport conflictuel avec les médias est de plus en plus efficace.

 

Ecrit par : G. Vialy et J. Bayard 

Les médias font-ils l’élection ?

Poids des sondages et emballement médiatique

Les candidats jouent stratégiquement avec ces propriétés des médias pour rendre plus légitimes leurs propositions ou bien disqualifier les adversaires. Chaque candidat, même les plus jeunes, a un «capital politique» fait de réputation qu’il tient de son passé ou de son appartenance partisane et n’est pas totalement libre de proposer le programme qu’il souhaite. Ainsi, on a vu durant les primaires de la droite et du centre qu’un large consensus existait autour d’un programme économique libéral et d’un programme fortement sécuritaire. Mais on a vu aussi comment la critique de Nicolas Sarkozy à l’égard de «l’alternance molle» d’Alain Juppé a permis au troisième candidat, François Fillon, d’émerger et d’écraser finalement ses concurrents.

Le poids des sondages diffusés par les médias s’est ici avéré décisif en avalisant une poussée irrésistible des intentions de vote redoublant l’emballement médiatique. On voit ici que la question du poids des sondages est avant tout la question de leur diffusion médiatique.

La phase des primaires passées, on a été submergé par le feuilleton du Pénélopegate qui a mis à mal le profil public du vainqueur de la primaire de la droite pris dans la contradiction entre son image de probité revendiquée comme irréprochable et de la réalité d’une situation moralement inacceptable. On a pu évoquer à ce sujet l’existence d’un authentique «tribunal médiatique» faisant fi de la présomption d’innocence pour mettre en danger de non-qualification au deuxième tour de l’élection présidentielle le candidat présumé fautif.

Mais l’un des paradoxes de cette campagne réside dans l’impact très inégal de la révélation médiatique des emplois fictifs de Marine Le Pen au Parlement européen comparé à ceux présumés de la famille Fillon. Cet exemple montre bien que le poids des médias n’est pas homogène lorsque change l’identité partisane du protagoniste central.

L’heure du débat

Le débat télévisé programmé le 20 mars entre les cinq principaux candidats (Mélenchon, Hamon, Macron, Fillon et Le Pen) va donner lieu à un déchaînement d’annonces et de commentaires médiatiques où l’idée de la toute-puissance des médias aura sans doute la part belle. Il est vrai que dans une conjoncture électorale particulièrement fluide, le débat peut jouer un rôle non négligeable si l’un des candidats fait une gaffe ou adopte une conduite inadaptée.

Mais tout porte à penser que la prudence aidant, les candidats en position de se qualifier ne prendront que peu de risque, contrairement à ceux qui ont besoin de «renverser la table» pour avoir une chance de participer au second tour. Certes, la tripartition de l’espace politique ne sera pas favorable à Marine Le Pen qui sera isolée et devra faire face aux attaques cumulées des quatre autres candidats, mais qui sera toutefois protégée d’une trop grande agressivité par son «genre féminin».

Certes, Emmanuel Macron, favori des sondages d’intention de vote, sera sans doute la cible commune de quatre adversaires qui auront des raisons différentes de former une coalition objective d’intérêts stratégiques. Certes, F. Fillon cherchera à montrer que son programme mérite de le qualifier pour le second tour. Quant aux deux autres candidats, ils auront, de plus, fort à faire pour marquer leurs différences et la singularité de leur offre électorale.

Visibilité différentielle

On connaît bien la distribution des préférences médiatiques des citoyens et on sait aussi qu’ils ont tendance à penser que l’influence des médias ne jouera que sur «les autres»: c’est ce qu’on appelle «l’effet troisième personne». Il n’en demeure pas moins que le commentaire médiatique a posteriori d’un débat télévisé peut s’avérer déterminant pour la reconnaissance d’un vainqueur, comme l’a montré le cas Fillon en novembre 2016. Ce qui est en cause ici, c’est la circularité de l’information pour parler comme Pierre Bourdieu qui fustigeait l’imitation des médias dans la reproduction de leurs commentaires.

Au fond, une campagne électorale se joue principalement dans les médias et les quelques conduites de participation spontanée – assistance aux meetings, collage d’affiches, diffusion de tracts, porte-à-porte, etc. – reste l’apanage d’une toute petite quantité de citoyens ou militants. Certes, la participation en ligne (sur Facebook, Twitter ou YouTube) se développe rapidement mais n’implique que très faiblement ceux qui cliquent et s’en tiennent là pour exprimer leurs opinions. On peut même craindre qu’elle n’enferme les convaincus dans un comportement de consolidation continue de leurs convictions – ce qui à terme conduirait à une menace authentique pour le dialogue démocratique.

Au total, les effets les plus puissants des médias résident dans leur capacité à conférer une visibilité différentielle, un cadrage (une interprétation) discriminant et à orienter l’attention publique sur des objets préférentiels.

Il ne faudrait, cependant, pas oublier que les médias sont insérés dans des mondes sociaux auxquels leurs consommateurs appartiennent aussi et de cette expérience ils tirent des attitudes politiques parfois persistantes.

 

Ecrit par : G. Vialy et J. Bayard 

 

 

L’impact des réseaux sociaux sur le métier de journaliste

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54% des journalistes français « ne pourraient plus se passer des réseaux sociaux pour exercer leur métier » et 65% d’entre eux considèrent que les réseaux sociaux ont changé leur métier. Mais l’impact n’est pas forcément positif : 89% d’entre eux considèrent que les réseaux sociaux encouragent les journalistes à se concentrer sur la rapidité au détriment de l’analyse.

 

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Les journalistes français sont particulièrement critiques quant à l’influence des réseaux sociaux sur les transformations de leur métier. Seuls 31% estiment qu’ils ont eu un impact positif sur le journalisme ; 62% pensent qu’ils dégradent les valeurs traditionnelles du journalisme. Si l’impact des réseaux sociaux n’est plus à démontré, ils n’ont pas totalement bouleversé les relations entre les journalistes et les RP. Ils communiquent encore beaucoup par email ou par téléphone, voire par courrier. Leur importance a néanmoins diminué pour 37% des journalistes français, qui considèrent que leur dépendance aux attachés de presse est moindre grâce aux réseaux sociaux.

Ecrit par : G. Vialy et J. Bayard 

Présidentielles 2017 : la confiance dans les médias traditionnels s’efface au profit du web

 

À l’approche des élections présidentielles 2017, il est indéniable que le digital va jouer un rôle majeur dans le choix de notre nouveau/nouvelle président(e). À quelques semaines du début du scrutin du premier tour, nous vous plongeons dans l’ambiance à la sauce digitale afin de mieux comprendre les enjeux digitaux de cette nouvelle élection.

Evolution des mœurs : 2017, l’année du digital en politique.

Cette année le digital n’a jamais été aussi présent dans le quotidien des Français. D’après le dernier baromètre 2017 de l’agence WE ARE SOCIAL 87% d’entre eux utilisent internet quotidiennement pour plus de 6 heures par jour. 31% du trafic web est réalisé sur mobile et tablette. Nous sommes 36 millions à disposer d’un compte sur un réseau social avec 56% d’utilisateurs actifs. Facebook et Youtube sont les médias les plus plébiscités, 67% des Français y sont actifs, suivi de Messenger et Twitter avec respectivement 35 et 24% de la population. Ces résultats démontrent une évolution du rapport avec internet, un phénomène qui ne touche pas seulement les jeunes comme certains peuvent le croire. Seuls 6% des utilisateurs de Facebook n’ont pas l’âge requis pour voter, 37% ont entre 18 et 34 ans, 34% entre 35 et 54 ans et 15% ont 55 ans et plus.

Internet deuxième source d’information.

1 français sur 4 s’informe sur internet (25%), c’est le constat fait par le baromètre annuel « La Croix » Kantar Sofres et Kantar Média de février 2017, soit la deuxième source d’information derrière la télévision. Quant à la question des formes de médias privilégiés sur le web, 37% n’ont pas répondu, dans le reste des réponses arrivent en tête avec 28% les sites de la presse écrite, 19% les réseaux sociaux et 8% d’autres sites. 73% des personnes interrogées remettent en cause la fiabilité de l’information circulant sur les réseaux sociaux et 83% disent avoir recensé des fausses informations ou rumeurs. Le peu de crédit accordé pourrait bien changer dans les prochaines semaines et on vous explique pourquoi.

Populisme contre médias.

Un autre rapport ressort de cette même étude : la crédibilité des médias est clairement remise en cause. La presse écrite et la télévision perdent 9 et 7 points, internet 5 points et les radios 3 points qui restent le média le plus fiable. 67% pensent que les journalistes ne sont pas indépendants et subissent la pression des politiciens, 58% la pression de l’argent. En résumé l’intégrité même de la profession journalistique est remise en cause. Un constat alarmant qui fait suite à des discours politiques douteux qui incitent à se méfier des médias. Le premier à avoir donné l’exemple était Donald Trump durant les élections incitant le peuple américain à aller chercher l’information sur d’autres sources que les médias traditionnels. Depuis, des candidats aux élections présidentielles française de 2017 ont engagé ce combat dans le populisme incitant à la défiance vis-à-vis de la bulle médiatique et des journalistes.

La dangerosité de ce type de comportement vise à affaiblir le débat politique français et par la même occasion va placer au même niveau de fiabilité une information d’un journaliste et une information lambda trouvée sur le web. Selon une étude réalisée par Médiamétrie en mars 2016, 88% des Français qui s’informent sur les réseaux sociaux citaient comme première source d’information les contenus partagés par leurs proches.

Le rôle des médias dans les élections présidentielles.

Les recherches menées par Kantar Média et Kantar Sofres démontrent tout de même que 73 % des Français attribuent un rôle important aux médias d’information dans les élections présidentielles s’ils distillent une information vérifiée. Reconnu aujourd’hui comme une source d’information prioritaire, les supports digitaux joueront un rôle important dans les prochaines élections. Certains candidats l’ont déjà bien compris et en apprennent les codes mêmes les plus sombres pour influer sur l’électorat.

 Ecrit par : G. Vialy et J. Bayard 

 

 

France: la loi sur la protection des sources des journalistes critiquée

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Le Parlement français a adopté définitivement ce jeudi 6 octobre 2016 une proposition de loi sur l'indépendance et le pluralisme des médias. Si le texte vise notamment à une meilleure protection des sources des journalistes, il ne satisfait pas les représentants de la presse française.

C'était l'une des promesses du candidat Hollande : garantir aux journalistes la protection du secret des sources. C'est fait. La nouvelle loi a été adoptée définitivement ce jeudi au Parlement. En apparence, elle se veut très protectrice pour les journalistes. Le texte précise ainsi que tout journaliste a le droit de refuser toute pression, de divulguer ses sources et de signer un article ou une émission dont la forme ou le contenu auraient été modifiés contre sa volonté.

Modifiant la loi de 1881 sur la presse et la loi Dati de juillet 2010, la nouvelle réglementation étend aussi la protection du secret des sources à tous les collaborateurs de la rédaction.

Mais le diable se cache toujours dans les détails. Le texte indique notamment qu'il ne peut être porté atteinte au secret des sources qu'à titre exceptionnel, par exemple pour un délit puni d'au moins sept ans d'emprisonnement. « Ça va donner lieu à des interprétations par les magistrats instructeurs qui risquent de fragiliser la jurisprudence péniblement établie après la loi de 2010. On est donc repartis pour une période d’incertitude, déplore Pierre-Antoine Souchard, président de l’association de la presse judiciaire. On n’est vraiment pas satisfaits de ce texte. Je ne suis pas certain qu’il protège le secret des sources comme le proclame la ministre de la Culture. »

Opposés à la loi qui apporte à leurs yeux de nouvelles contraintes, les députés Les Républicains devraient dans les prochains jours déposer un recours devant le Conseil constitutionnel.

Ecrit par : G. Vialy et J. Bayard